SIMHAT THORA & CHEMINI ATSERET 5768

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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur SIMHAT THORA ET CHEMINI ATSERET consacré au Mariage de

SARAH TOLEDANO & ELIAHOU BETTAN.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous aurons donc 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach, avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !

Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

http://www.daathaim.org/evenement/index.php

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance, la réussite, la bonne santé et la paix en cette année 5768.

Avec notre plus cordial Chabbat Chalom et nos vœux les plus chaleureux de HAG SAMEAH,

Rav Chalom Bettan


Une joie inégalable

Par le Rav Chalom Bettan

La joie de Souccoth est une joie tout à fait particulière, qui était incarnée au Temple par les danses et les chants des anciens! A Chemini Atséreth et à Souccoth, cette allégresse atteint son paroxysme. Cette joie, ordonnée par D.ieu prend de plein fouet les notions de piété des autres religions…

La joie pendant les fêtes

Toutes les fêtes du calendrier juif sont accompagnées de joie et d’allégresse, et il existe même une mitsva de simha (joie) pendant les fêtes. Pourtant, Souccoth revêt un caractère spécifique lié à la joie. Maïmonide (Soucca 8; 12) précise d’ailleurs que la fête de Souccoth au Beth Hamikdash s’exprimait par une joie particulière, conformément au verset (Vayikra 23): «Vous vous réjouirez devant D.ieu, au Temple (Beth Hamikdash), sept jours durant ».

Deux groupes au Beth Hamikdash

Le Talmud (Soucca 53a) rapporte que les anciens dansaient et chantaient à cette occasion, au Beth Hamikdash. Ils se divisaient en deux groupes: ceux qui étaient heureux car leur jeunesse n’avait pas fait honte à leur vieillesse. Les autres, qui se réjouissaient également, mais pour une raison opposée. Ils disaient: «Heureuse notre vieillesse qui a expié les fautes de notre jeunesse.» Ces anciens étaient des baalé techouva, des hommes qui étaient devenus observant des mitsvoth au cours de leur existence. Ces deux groupes disaient: «Heureux celui qui n’a jamais fauté; et ceux qui ont fauté, qu’ils fassent techouva et leur fautes leur seront pardonnées.» Voilà comment se réjouissaient ceux qui chantaient et dansaient à Souccoth au Beth Hamikdash durant ces sept jours.

Quel est le lien avec Souccoth?

On le voit, la joie particulière de Souccoth, au Beth Hamikdash, qui s’exprimait par le chant et la danse, avait pour thème cette vision sur la vie et cette dualité: avoir toujours accompli sa mission ou, autre option, avoir réparé ses erreurs de jeunesse. Mais quel rapport existe-t-il entre cette problématique et Souccoth?

Deux notions: l’engrangement et les cabanes

Dans notre article précédent, nous avons observé que Souccoth était désigné par la Thora par deux termes: fête de l’engrangement et fête des cabanes. Comme on l’a vu, le mot cabane fait allusion aux colonnes de nuées qui, comme le soulignait le Gaon de Vilna, étaient réapparues après le pardon divin pour la faute du veau d’or.

On le sait, la Thora nous ordonne de célébrer trois fêtes (Chaloch Régalim). Elles sont notamment citées dans le verset de Chemot (23; 14, 15, 16): «Chacun des hommes de ta famille ira au Beth Hamikdash: à Pessa’h, ‘Hag Haaviv (au printemps), à Chavouot, ‘Hag Hakatsir (la fête de la récolte) et à Souccoth, ‘Hag haassif (fête de l’engrangement).

Souccoth fait donc partie des trois fêtes, Chaloch Régalim.

Souccoth, apogée des trois fêtes

En tant que fête de l’engrangement, Souccoth est liée à une saison. Ces trois fêtes correspondent à trois événements que l’on observe dans l’évolution de la nature: le printemps, la récolte, l’engrangement. Le Maharal de Prague («Guévourot» 46), explique que tout ce qui se passe dans le monde matériel est une projection d’événements qui se produisent dans les mondes supérieurs.

Pessa’h, fête du printemps, correspond à un renouveau dans la nature, phénomène qui nous semble tout à fait évident mais qui est pourtant assez surprenant: le fait que la nature, les feuilles, les arbres, se renouvèlent n’est pas logique. Ils sont animés par une force naturelle de renouveau qui agit à cette période.

Chavouot, fête de la récolte, correspond à une maturité des produits de la nature qui leur permet d’être aptes à être récoltés et consommés. A nouveau, une force naturelle les a animé, fait pousser et grandir jusqu’à les amener à maturité.

Souccoth correspond à un moment où les produits sont aptes à se conserver, peuvent être engrangés par leur propriétaire, pour être emmagasinés et gardés pour une période d’utilisation et de consommation ultérieure.

Pessa’h, période du renouveau de la nature, c’est la période de la naissance spirituelle du peuple juif sorti d’Égypte. Chavouot, période de la maturité de la nature, est le moment du don de la Thora et son acceptation par le peuple juif, désormais suffisamment mature spirituellement pour accepter sa mission. Le Maharal explique que Souccoth, période de l’engrangement, est la fête pendant laquelle le juif est prêt à rejoindre son Créateur, allant habiter sous la Soucca, pour se mettre sous la protection divine. Souccoth s’inscrit dans le cadre de ces trois fêtes et en est même l’apogée. Après s’être créé en tant que peuple au printemps de son existence, après être arrivé à sa maturité en recevant la Thora au Mont Sinaï, le peuple juif parvient à son apogée, en quittant sa demeure personnelle pour aller vivre sous la Soucca, abri directement placé sous la protection divine.

Souccoth, apogée de Roch Hachana et de Kippour

Venant après Roch Hachana et Kippour, Souccoth symbolise le retour de la présence divine après la faute du veau d’or et le pardon accordé. Souccoth est donc l’apogée de Roch Hachana, de Kippour et des jours de pénitence.

Les deux aspects de Souccoth

Que ce soit en tant que couronnement de la vie du Juif ou en tant que fête liée au pardon divin, Souccoth correspond à une apogée. Pour celui qui a eu un chemin sans embûches, il entre dans un moment où la présence divine est palpable. C’est une notion liée au monde futur (Olam Haba). Pour le baal techouva, il pénètre dans une dimension de retour de la présence divine.

Deux destinées, une finalité

Notre question toutefois persiste. En quoi la joie de Souccoth est-elle liée au bonheur de ces anciens, qui se réjouissaient de leur vie, ayant effectué un retour vers D.ieu, ou l’ayant toujours respecté? C’est qu’en réalité, la joie particulière de Souccoth correspond à cette capacité qu’a l’homme de se lier totalement à D.ieu, que ce soit après un parcours sans faute, ou après un parcours de retour. Ce qui explique la joie du Beth Hamikdash, personnalisée par ces deux groupes d’anciens qui dansaient et chantaient. Ces deux catégories de destinées représentent les deux sens de la fête de Souccoth. En tant qu’apogée des trois fêtes, l’homme arrive à sa finalité et se lie à son Créateur: comme le fruit qui retourne à celui qui l’a planté. En tant que retour au respect des commandements divins, l’homme renoue le lien avec son créateur, au même titre que le peuple juif qui est revenu à son Créateur après la faute du veau d’or.

Les deux sens de Souccoth sont les deux chemins qui vont nous mener à un lien total avec le Créateur: une voie sans embûches et l’apogée des trois fêtes; un chemin de sauvetage et l’aboutissement de Roch Hachana et de Kippour (cf. «Zeman sim’haténou»).

Tout ce qui nous constitue sert D.ieu

Rabbi Yéhouda Halévy dans le «Kouzari» (cf. article précédent), dit que la joie fait partie du service de D.ieu, qui se pratique aussi bien par le repentir et la pénitence que par la joie. Et l’homme n’est pas plus proche de D.ieu dans des situations de pénitence que dans les moments de joie. De la même façon que le repentir doit être sincère, la joie doit être accompagnée de l’intention pure de reconnaître les bienfaits de D.ieu, la volonté d’être invité à Sa table, de s’approcher de Lui jusqu’à atteindre une explosion d’amour, exprimée par le chant et la danse, à l’occasion des jours de chabbath et des jours de fête.

Rabbi Yéhouda Halévy explique que toutes les composantes de l’homme participent au service divin. Toutes ces pièces du puzzle humain s’expriment dans les moments de pénitence et dans les moments de joies. Il faut mettre en scène toutes ses composantes, pour que l’homme dans l’ensemble de sa personnalité, serve son Créateur.

Particularité du judaïsme

Rabbi Yéhouda Halévy relève cette particularité du judaïsme qui, contrairement aux autres religions et pratiques religieuses, ne projette pas une notion de "pêché" sur la vie humaine naturelle. En effet, certaines pratiques religieusesproclament que la vie physique est une vie de pêché, ou alors incite à un ascétisme qui encourage à la méditation mais ne parvient pas à donner un sens réel à la vie de l’homme dans son contexte naturel. Le judaïsme est la seule pratique qui propose un équilibre total: une maîtrise et un contrôle de la vie naturelle humaine, donnant un sens profond à chaque acte. Les fêtes ne sont pas l’occasion de moments de débauche ou de plaisir personnel, mais d’une jouissance qui a pour but le remerciement de notre Créateur comme si, selon les mots du Kouzari, nous étions invités à Sa table. Sanctifier le profane, donner un sens à la vie physique, voilà le défi du Judaïsme, qui seul permet l’accès à la tzidkouth (piété) et à l’équilibre. La joie de Souccoth, c’est donc cette capacité de s’éleverà un moment ultime où l’on revient vers le Créateur, quel qu’ait été notre parcours.

Chemini Atséreth, moment d’intimité

Le huitième jour des fêtes de Souccoth, nous fêtons Chemini Atséreth, l’aboutissement ultime. Nos Sages comparent la période de Souccoth à une grande fête en présence des soixante-dix nations (soixante-dix sacrifices étaient offerts au Temple pendant les sept jours de Souccoth correspondant aux soixante-dix nations). Nos Sages poursuivent la métaphore en expliquant que le huitième jour, alors que tous les invités quittent les réjouissances, D.ieu dit au peuple juif: «Restons maintenant ensemble dans l’intimité.»

Le lien entre Chemini Atséreth et Simhath Thora

La Thora représentant D.ieu sur terre (cf. Rav Haïm Luzzato dans «La voie de D.ieu» 4ème partie chapitre 2), nous fêtons cette intimité en fêtant la Thora, en finissant la lecture du Séfer Thora et en la reprenant depuis le départ. Le Hafets Haïm (Michna Broura 669, 11) rapporte que les grandes révélations qu’à mérité le Ari zal (pilier de la Kabbale) étaient dues à la joie intense et particulière qu’il exprimait le jour de Sim’hat Thora, par des danses ininterrompues en l’honneur de la Thora.

Chemini Atséreth, Souccoth sans besoin de soucca

A Chemini Atséreth, nous n’avons plus besoin de la Soucca pour être sous la protection de la Thora. Nous sommes liés directement à D.ieu par le biais de la Thora qui habite le peuple juif (cf. Talmud Soucca 8a). D’après Rachi qui explique que la soucca fait partie intégrante de la fête de Souccoth: c’est ce qui différencie Souccoth de Chemini Atséreth.

Car comment fêter D.ieu sur terre? En célébrant la Thora, révélation intense de D.ieu, exprimant Sa volonté. Lorsqu’on veut fêter l’intimité avec D.ieu, on fête la joie de pouvoir se lier à Lui par l’étude de la Thora. On est ainsi invité dans son intimité. Sa révélation, c’est la spécificité de cette joie, le jour de Chemini Atséreth.