CHABAT VAYECHEV

1er DECEMBRE 2007 – 21 KISLEV 5768

Jérusalem Paris New York
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur Hanouca consacré à la mémoire de Salomon ELFASSY zal bar Dina

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous aurons donc 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach, avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !

Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Chabat Chalom et Hanouca Saméah.

Rav Chalom Bettan


Hanouka - Le renouveau éternel

Par le Rav Eliahou ELKAIM

Contrairement à la majorité des ennemis d’Israël, les Grecs ne cherchaient pas à détruire physiquement les Juifs, mais à effacer leur spécificité. L’occasion d’une interrogation sur une identité si différente…

La fête de ‘Hanouka commémore la délivrance d’Israël de l’oppression sous le joug de l’empire macédonien, propagateurs et représentants de la culture grecque, appelée par nos maîtres Tarbouth Yavan.

En effet, d’après la tradition (et cela est déjà annoncé à Avraham), Israël devra subir quatre exils avant de jouir de la délivrance finale. Et le troisième exil est celui de Yavan, la Grèce.

Nos maîtres (cf Levouch Or Hahaïm chapitre 670 ; Michna beroura idem) nous éclairent sur la différence fondamentale entre l’exil de Yavan et les trois autres, Babel, Médie et Edom.

Les trois empires que nous venons de citer attaquent physiquement le peuple d’Israël. Bien sûr, dans le courant de l’histoire, des décrets, publiés par ces trois puissances, verront le jour pour empêcher l’étude de la Thora et l’accomplissement des Mitsvot, et tenter d’obliger les Juifs à adopter leurs propres religions. Mais ces sentences ne sont qu’un moyen de plus pour parvenir à la destruction physique du peuple d’Israël.

En ce qui concerne Yavan, les Grecs, leur but était d’éradiquer la Thora et ce qu’elle implique. Si le peuple d’Israël avait accepté et adopté les us et coutumes hellénistes, et s’était assimilé à la civilisation grecque, les Juifs n’auraient pas eu à souffrir physiquement.

Cet exil se différencie des autres également par le fait qu’Israël a continué de vivre sur sa terre. Il n’y eut pas de tentative de la part des Grecs de chasser les Juifs de leur pays.

On retrouve ces notions, explicitement exprimées, dans le texte ajouté à la prière de la Amida durant la fête de ‘Hanouka (Al Hanissim), par les membres de la Grande Assemblée :

« Lorsque l’empire grec s’est attaqué à Israël, pour lui faire oublier Ta Thora et l’éloigner de l’accomplissement de Tes commandements. »

Nos maîtres nous révèlent également que les Grecs se sont attaqués à trois mitsvoth particulières. Et la volonté des Grecs d’empêcher les Juifs d’obéir à ces trois commandements de la Thora était si forte qu’ils menaçaient de mort ceux qui voulaient rester fidèles à la parole de D.ieu.

Ces trois mitsvoth étaient celles de ‘Hodech, Chabat et Mila.

‘Hodech, est le commandement de sanctifier le jour où la lune apparaît de nouveau (la néoménie), et de le fixer comme le premier jour du mois.

Les grecs interdisaient également le respect du Chabat et la pratique de la circoncision, brit mila.

Pourquoi les Grecs ont-ils choisi ces trois mitsvoth parmi tant d’autres et ont-elles un point commun ?

Origine divine

Dans son analyse des caractéristiques de chacune des nations qui opprime Israël, Le Maharal (Ner Mitsva p.15), définit la politique de l’empire macédonien.

L’essence même de la civilisation hellène, était basée sur la notion de la toute-puissance de l’intellect humain, qui dirige toute la création.

Le haut degré de connaissance et de culture des philosophes grecs les a amené à croire que l’intellect humain, et lui seul, doit diriger tous les aspects de la vie d’un homme.

Toute théorie ou action se basant sur un système métaphysique n’a pas de droit d’existence.

La Thora, dont la base est l’origine divine, met en avant une science placée au dessus de l’intellect humain.

On le comprend, les grecs ne pouvaient tolérer une telle approche du monde, qui remettait en cause leur propre compréhension de l’univers. Ils cherchèrent à effacer la conception juive, représentante d’une science divine.

Des décrets furent promulgués, interdisant, comme nous l’avons vu, trois mitsvoth spécifiques.

Eternité et renouvellement

L’auteur du Dere’h ‘Houquéha explique que les Grecs ont perçus dans ces trois commandements l’expression la plus essentielle de la Thora.

La mitsva de sanctifier le jour de la néoménie, fixe les bases du calendrier juif d’après l’année lunaire.

Pourtant, la logique voudrait que le calendrier soit fixé d’après l’année solaire, puisque les saisons dépendent de la position du soleil.

D’ailleurs, même les horaires dans lesquels s’inscrit l’accomplissement des mitsvoth, sont toujours fixés d’après le lever ou le coucher du soleil, et sont calculés d’après les dates du calendrier solaire.

Pourquoi la Thora a-t-elle donc introduit le cycle lunaire dans le calendrier, allant à l’encontre du bons sens et de la logique.

A juste titre, les Grecs ont vu dans cette mitsva la différence entre la Thora et la science humaine.

En réalité, le calendrier juif se base à la fois sur l’année solaire et l’année lunaire.

Maïmonide, (Yad hahazaka, Hilhoth Kidouch hahodech, chapitre 1) précise :« Les mois de l’année sont fixés d’après la néoménie, mais les années sont des années solaires, comme le précise le verset : « Prends garde au mois du printemps pour célébrer la Pâque en l’honneur de l’Eternel ton D.ieu. » (Deutéronome 16 ; 1) »

Dans la Thora, la notion du ‘Hodech (mois) vient exprimer un renouveau (‘Hidouch) :

Renouveau de la lune qui ré-apparait dans le ciel, alors que le mois solaire n’exprime aucun renouvellement.

En revanche, pour compter les années, un ajustement selon l’année solaire est nécessaire, puisque la date de la fête de Pessa’h doit toujours correspondre au printemps.

Or, il y a 11 jours de décalage entre l’année solaire et l’année lunaire. On attend que ces jours de décalage s’accumulent à un total de 30 jours, moment où l’on ajoute un mois supplémentaire, un treizième mois à l’année : c’est ce qui arrive à intervalle régulier.

Ainsi, on conserve le principe de la Thora qui exige que Pessa’h soit au printemps.

Cette dualité, qu’utilise la Thora, entre ces deux éléments qui fixent le calendrier est expliquée par le Rav I. Hutner : chacun de ces deux éléments exprime une idée fondamentale.

Le mois (que l’on fixe par les cycles de la lune) exprime le renouvellement périodique alors que l’année (réajustée par rapport à l’année solaire) exprime la reconduction perpétuelle.

En effet, le peuple d’Israël doit être influencé par ces deux notions : celle de la continuité qui se manifeste par le devoir permanent de chaque juif tout au long de sa vie, de servir son créateur et de vivre sa foi en D.ieu.

C’est cette notion qu’exprime le Roi David quand il dit : « Je fixe constamment (tamid) mes regards sur le Seigneur. » (Psaumes 16 ; 8).

Complication apparente

Quand à l’idée du renouvellement, chaque juif a le devoir de réitérer son attachement à D.ieu en y introduisant régulièrement une nouvelle dimension, un renouveau du sentiment.

C’est l’essence même du jour de Roch ‘Hodech, qui marque le début du mois :

« Et il arrivera constamment, à chaque néoménie et à chaque chabat que toute chair viendra se prosterner devant Moi, dit l’Eternel » (Isaïe 66 ; 23).

Par ailleurs, on commence le décompte des années à partir du 1er Tichri, qui est le septième mois : c’est Roch Hachana, date anniversaire de la création du monde.

Le décompte des mois, lui commence le 1er Nissan, premier des mois de l’année.

« Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois, il sera pour vous le premier des mois de l’années » (Nombres 12 ; 2).

Nahmanide explique que Nissan a été choisi comme premier mois de l’année dans la mesure où il nous rappelle la sortie d’Egypte.

Mais alors, pourquoi n’avoir pas choisi cette même date pour le début de l’année ? Quel est le but de cette complication apparente ?

C’est en réalité la même idée qui s’exprime.

Il faut que le ‘Hidouch, le renouveau, soit flagrant et qu’il vienne nous surprendre au milieu de l’année.

Nissan, en tant que temps du renouveau est également le temps de la délivrance : « En Nissan, ils ont été délivrés et c’est en Nissan qu’ils seront délivrés à la fin des temps. »

On le voit, le décompte de l’année, différent de celui des mois, ne paraît pas cartésien, et semble échapper à la logique exclusivement humaine. On comprend donc que les grecs y ait vu une atteinte insupportable à leur philosophie : le décompte du temps, base de la vie, échappait à la logique...

Le Chabat est également une perception du temps tout à fait particulière, et incompréhensible pour les grecs.

D’abord, au niveau de la nature proprement dite, il n’y a aucune différence entre Chabat et les autres jours de la semaine. Le soleil se couche et se lève comme tous les autres jours.

En outre, on ne peut expliquer le Chabat par une recherche de détente et de relaxation, car la Thora interdit certains travaux qui ne sont absolument pas fatigants.

L’homme est limité dans ses actes. Il ne s’agit pas d’un repos d’ordre social, mais d’un repos « spirituel ».

C’est d’ailleurs le sujet de la polémique entre Rabbi Akiba et le gouverneur romain Turnus Rufus (Talmud Sanhédrin 65 b).

« En quoi ce jour (chabbath) se distingue-t-il des autres jour ? demanda le romain au célèbre Tana.

Et toi, lui répondit Rabbi Akiba, qu’est-ce qui te distingue des autres hommes ? Tu es fait de chair et de sang, comme tous les être humains…

C’est le roi qui m’a élevé à mon haut rang.

La même réponse est valable pour le jour de Chabat qui a été élevé par D.ieu Pouvons-nous voir dans la création un élément qui différencie Chabat des autres jours ?

Il y en a trois, répondit Rabbi Akiba. Le fleuve Sambation, qui toute la semaine est en tumulte, est calme le jour de Chabat. Ceux qui évoquent les morts ne réussissent pas à le faire le jour de Chabat. Et la tombe de ton père (de Turnus Rufus) qui dégage de la fumée toute la semaine (signe des châtiments de l’enfer qu’il subit), n’en dégage pas ce jour-là. »

Là encore, la sanctification du temps ne pouvait être ni comprise ni tolérée par les Grecs.

L’univers, le temps et l’âme

La dernière mitsva interdite par les grecs fut la circoncision, la brit mila.

Le rationalisme implique une reconnaissance de l’utilité de chaque organe du corps. Couper la orla (le prépuce), pour ajouter un élément de sainteté à l’homme va à l’encontre de la philosophie grecque.

Le Sefat Emet (‘Hanouka année 5647) exprime une idée passionnante :

Chabat, ‘Hodech et Mila sont les signes divins qui marquent la différence entre Israël et les Nations.

Israël est régit par un système différent des autres, système qui intervient sur les trois éléments fondamentaux que sont olam, Chana et nefech, littéralement : l’univers, le temps et l’âme.

La mila est la marque faite sur l’âme.

Le Chabat est la marque divine sur l’univers. Par la sanctification du septième jour, D.ieu montre que l’abondance divine (chefa) à l’égard d’Israël transcende le système des six jours de la création, utilisé pour les nations.

La néoménie est la marque divine qui fixe un autre ordre du temps pour Israël. La Grèce a voulu s’attaquer à l’essence même de la spécificité d’Israël en abolissant ces signes.

L’empire grec a disparu depuis longtemps.

Et les découvertes scientifiques extraordinaires de notre époque prouvent clairement à tout esprit sain que l’intellect humain ne peut cerner les secrets infinis de l’univers.

La fête de ‘Hanouka vient nous interpeller et nous rappeler, à nouveau, le fondement de notre foi : l’intellect ne peut être le seul outil pour cerner le sens de la création.

Même les mitsvoth qui sont à nos yeux rationnelles ne sont que l’expression de la volonté divine énoncée par la Thora, science qui se place au dessus de toutes les contingences rationnelles.

« Prétends-tu pénétrer le secret insondable de D.ieu, saisir la perfection du Tout-puissant ? » (Job 11 ; 7)