CHABAT TAZRIA

5 AVRIL 2008 - 29 ADARII 5768.

Jérusalem Paris Toronto
Allumage des bougies18.2120.0819.30
Sortie de Chabbath19.3821.1620.33
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora sur la paracha de la semaine diffusé à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Nous sommes très heureux de consacrer ce Dvar Thoraen l'honneur des fiançailles de Monsieur Michaël GhouziavecMademoiselle Déborah Hazan.

Nous souhaitons un grand mazal tov aux fiancés et à leurs parents, et plus particulièrement à Monsieur etMadame Alain Ghouzi et à Monsieur et Madame Jacques Ghouzi que nous connaissons personnellement.

Nous souhaitons que le mérite du Beth Hamidrach de la Yéchiva Daat Haïm à Jérusalem qui porte leur nom soit toujours pour eux une source de bénédictions.

Notre Institution est située dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov & de HAYA LEA BAT HANA

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabat Chalom et Hodech Tov,

Rav Chalom BETTAN


Un niveau jamais atteint

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La relation entre D.ieu et notre monde s’exprime par deux canaux : celui qu’on appellera la Providence générale (hachga’ha klalith) et un autre, la Providence personnelle (hachga’ha pratit), deux aspects de la providence divine qui font partie des fondements de notre foi.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Sforno découvre dans le phénomène de la lèpre (tsaraat), développé dans notre paracha, l’expression la plus sublime de la providence personnelle (hachga’ha pratit).

Ce concept de hachga’ha, généralement traduit par Providence ou surveillance, s’exprime difficilement en français. Car c’est un concept qui n’existe pas dans la culture française.

En fait, dans cette notion de hachga’ha, c’est toute la relation entre le Créateur et ses créatures qui est contenue.

D.ieu n’a pas seulement créé notre monde pour s’en désintéresser par la suite.

Après les six jours de la création, il reconduit son œuvre en la renouvelant et en lui donnant, à chaque instant, la vie.

Plus encore, c’est Sa seule volonté qui est à l’origine de tout ce qui se déroule dans le monde, des détails les plus subtils aux événements les plus majeurs.

L’Eternel est D.ieu

Le terme hachga’ha englobe deux aspects qui se complètent. Le premier est exprimé dans le verset des Psaumes :

« Du haut des cieux, l’Eternel laisse aller Son regard, Il voit tous les fils de l’homme » (33 ; 13).

On peut donc définir ce premier aspect comme : D.ieu voit et sait tout.

Le deuxième aspect est : en fonction de ce qu’Il voit et de ce qu’Il sait, il agit et dirige tous les événements.

Cette gestion des événements se partage en deux ramifications : une hachga’ha d’ordre général (klalith) et une autre d’ordre particulier (pratit).

Pourquoi une telle partition ?

Si la hachga’ha personnelle englobe chaque personne, chaque élément de notre monde, quelle place reste-t-il à la hachga’ha générale, et comment s’exprime-t-elle ?

Pour ce qui est de la Connaissance de D.ieu, il est clair qu’elle est globale et infinie : elle concerne et englobe tous les éléments de la création de façon individuelle.

C’est seulement au niveau de l’action de D.ieu qu’on peut envisager cette distinction entre providence générale et individuelle.

Mais alors, si D.ieu agit par le biais d’une providence générale, pourrait-on imaginer qu’en ce qui concerne les détails, d’autres forces ont un pouvoir ?

Certainement pas ! Aucun élément détaché de la divinité ne dirige ni ne décide de la marche des événements du monde de façon indépendante.

Les mots de la Thora sont explicites :

« Toi, tu as été initié à cette connaissance : que l’Eternel seul est D.ieu (Elokim) ; il n’existe rien d’autre (Deutéronome 4 ; 35).

Il faut savoir qu’Elokim signifie « maître de tous les pouvoirs ».

Mais si cette distinction entre providence personnelle et générale existe au niveau de l’action, doit-on comprendre que l’action de D.ieu est d’ordre général, et ne concerne pas les éléments de la création de façon particulière ?

Le Ram’hal répond à notre question dans « Maamar haïkarim », chap.. Behachga’ha.

« Le maître du monde observe en permanence Ses créatures. Il les fait vivre et dirige leur existence en fonction du but pour lequel elles ont été créées. Car chaque créature possède un rôle bien précis dans la création.

Cependant, l’être humain se particularise par le fait qu’il est responsable de ses actes et qu’il est soumis au système de sa’har veonech, la récompense et la punition.

La hachga’ha qui le concerne diffère en cela de celle qui s’applique aux autres créatures.

Car la hachga’ha qui concerne les autres créatures ne les touche qu’en fonction de leur espèce en général, sans donner d’importance à l’existence de chaque individu de façon particulière.

Une créature est uniquement dirigée dans le cadre de l’existence de toute l’espèce, n’ayant pas de rôle particulier.

Les êtres humains, en revanche, sont dirigés de façon individuelle, d’après leurs actes et selon le rôle particulier qu’ils doivent remplir dans le monde.

Comprendre son véritable rôle

Mais même pour les êtres humains, il existe une hachga’ha klalith qui s’intéresse à leur rôle dans le cadre de l’existence de la race humaine de façon générale. »

Cette dernière phrase du Ram’hal est interprétée par nos maîtres de la façon suivante :

On nous présente ici deux aspects de l’existence de l’homme sur terre et de sa relation avec D.ieu.

1. Il fait partie de l’ensemble complexe de la création, et dans ce cadre, il a un rôle général. Un peu comme celui des animaux et des végétaux, qui est d’être utile, même involontairement, à créer les conditions nécessaires pour le plan divin, et pour que les autres créatures puissent réaliser leur mission.

2. Un deuxième aspect concerne ceux qui cherchent à remplir leur rôle véritable : la hachga’ha va alors considérer de façon particulière leurs besoins.

Celui qui ne remplit son rôle que partiellement pourra jouir de la hachga’ha pratit de façon partielle également.

La première idée du Ram’hal est exprimée également par Maïmonide dans l’introduction de son commentaire sur la Michna.

« Ceux qui n’accomplissent pas la volonté de D.ieu sur terre n’existent qu’en tant qu’auxiliaires pour ceux qui remplissent leur véritable rôle. »

Le but de la création

Dans notre paracha, la Thora nous livre les lois relatives à la lèpre (tsaraat) qui peut se déclarer sur les hommes, les maisons ou les vêtements.

D’après nos maîtres, ces affections se déclarent en conséquence de sept fautes commises par l’homme : la médisance (lachon hara), l’homicide, le parjure, la débauche, l’orgueil, le vol et la jalousie (Talmud Ara’him 16a).

Il est également admis que ce phénomène décrit par la Thora n’est pas la lèpre en tant que maladie que nous connaissons de nos jours (Sforno Lévitique 13 ; 2).

Pourtant, tous ceux qui ont commis ces fautes ne seront pas atteint par cette tsaraat.

Le Sforno précise (Lévitique 13 ; 47) : « La lèpre qui s’installe sur les vêtements est un phénomène miraculeux qui vient attirer l’attention de leurs propriétaires sur les fautes qu’ils ont commises (…)

A ce sujet, nos maîtres nous ont enseigné que seulement les vêtements des enfants d’Israël, qui peuvent ainsi devenir impurs, sont concernés. Mais jamais ceux des non-Juifs.

Les êtres humains, dans leur ensemble, sont le but de la création, car eux seuls peuvent ressembler au Créateur, par leur Connaissance et leurs actions, comme l’exprime le verset :

« Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance » (Genèse 1 ; 26)

L’homme est le seul être qui jouisse du libre-arbitre. S’il tend à découvrir la grandeur de D.ieu et Sa bonté infinie, et qu’il tend à suivre Ses voies pour accomplir Sa volonté, il accomplit le plan divin, comme l’exprime le verset :

« Le juste est le pilier du monde » (Proverbes 10 ; 25).

Cependant, quand l’homme suit ses instincts naturels, qui le poussent aux plaisirs matériels, et qu’il néglige l’accomplissement de la volonté divine, il sera jugé en tant que tel par D.ieu.

Lui décidera si cet être mérite un châtiment temporaire ou éternel…

Douce léthargie

Quand les fautes de l’homme sont commises par inadvertance (bichgaga), D.ieu le fera souffrir par ses biens (mamone) ou par des souffrances physiques, dans l’espoir que cet homme prenne conscience et change d’attitude.

Etonnante affirmation du Sforno : seuls ceux qui fautent par inadvertance jouissent de la réprimande divine !

Cet apparent paradoxe sera résolu plus loin.

« Il ouvre leur oreille à la réprimande » (Job 35 ; 10).

Mais cela ne peut concerner celui qui vit dans une douce léthargie qui l’empêche de prendre conscience de son rôle véritable.

C’est malheureusement le cas de l’ensemble des membres des Nations et de la majorité du peuple juif durant de longues périodes de l’histoire.

Excepté certains êtres d’exception (yé’hidé segoula), qui ne recherchent que la volonté de D.ieu, tous seront soumis aux lois des signes du Zodiaque et des forces de la nature.

Evidemment, ces forces puisent leur pouvoir uniquement de D.ieu.

La hachgaha qui les concernent est une providence générale, et non particulière.

Chacun a la possibilité de bénéficier d’une hachgaha pratit; encore faut-il le vouloir.

C’est le peuple juif qui a été élu par D.ieu, dans la mesure où il a accepté, et cela depuis les patriarches, l’unité de D.ieu.

D.ieu leur a transmis la Thora, et les mitsvoth, qui sont les moyens concrets de se rapprocher de lui.

Et Il les a mis en garde, comme un père prévient son enfant du danger : s’ils s’écartent du chemin de la Thora, ils souffriront.

Dans les périodes où la majorité du peuple juif trouve grâce à Ses yeux, par un comportement droit et pur, D.ieu fera prendre conscience à leur élite des erreurs commises, par la tsaraat de la peau, des maisons et des vêtements.

Par amour et compassion à leur égard, D.ieu enverra des plaies aux habits, puis aux maisons, phénomène absolument surnaturel, inconcevable chez les autres nations.

Malheureusement, il faut le savoir, aucune génération n’a atteint un niveau général assez élevé pour que la tsaraat des maisons et des habits, puisse être observée.

Il n’existe aucun texte qui relate de cas effectifs de tsaraat des maisons, et cela est resté, d’après plusieurs opinions, une éventualité théorique. » (Sforno 47 ; 13).

Contrairement aux apparences, la tsaraat n’est pas un fléau, mais l’expression la plus sublime de la compassion et de l’amour que D.ieu porte, personnellement, à son peuple.

Mais cela concerne, on l’a vu, seulement ceux qui fautent par inadvertance, jamais volontairement, et dans un contexte où la majorité du peuple juif a atteint un niveau très élevé. Et le peuple juif n’est jamais parvenu à ce stade.

C’est pour cette raison qu’il n’a pas bénéficié pas de l’une des marques les plus éclatantes de la providence personnelle.

Mais comme le précise le Ramhal, chacun de nous, d’après son niveau, jouit de cette merveilleuse providence personnelle.

CHABAT CHALOM & HODECH TOV