CHABAT PEKOUDE

8 MARS 2008 - 2 ADAR II 5768

Jérusalem Paris - Bruxelles New York
Allumage des bougies17.0218.26 - 18.1617.36
Sortie de Chabbath18.1819.32 - 19.2518.36
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur les Pirké Avoth dédié à la NAISSANCE d’EDEN MYRIAM DARMON

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. il y a neuf ans,nous étions9 !

Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Chabat Chalom et Hodech Tov.

Rav Chalom Bettan


Se souvenir de la mort… pour mieux vivre

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Ce qui peut nous sembler la plus angoissante des pensées, celle de notre propre mort, peut se révéler être le moyen le plus puissant pour atteindre la vie éternelle…

«Akabia ben Mahalalel disait: ‘Considère trois choses et tu ne tomberas pas aux mains de la transgression: sache d’où tu es venu, où tu vas et devant qui tu es destiné à comparaître et rendre compte. D’où es–tu venu?- d’une goutte putrescible. Où vas-tu? - vers un lieu de poussière, de vers et de vermine. Devant qui es-tu destiné à comparaître et rendre compte? – devant le Roi des rois des rois, le Saint, béni soit-il». (Chapitre III, Michna 1).

Tentons de comprendre le choix des trois notions qui vont nous permettre d’éviter les écueils et nous protéger lorsque nous serons confrontés à certaines tentations. Citons d’abord le commentaire de Rabbénou Yona.

«- Sache d’où tu es venu? D’une goutte putrescible. Méditer sur ton origine t’amènera à l’humilité car ‘l’Eternel a en horreur les cœurs hautains’ (Proverbes 16;5). - Où vas-tu? Vers un lieu de poussière, de vers et de vermine. Lorsque tu méditeras sur le lieu vers lequel tu te diriges, tu ne seras plus attiré par les plaisirs de ce monde-ci. Les richesses et les honneurs deviendront puérils à tes yeux, le bien-être insignifiant, car tout est vanité et illusion.

C’est la réflexion que le Roi Salomon a développé dans l’Ecclésiaste, qui débute ainsi: «Vanité des vanités, a dit Kohélet (autre nom de Salomon, fils du Roi David, ndlr.), tout est vanité», et qui finit ainsi: «Ecoutons la conclusion de tout discours: ‘Crains D.ieu et observe Ses commandements, car c’est là tout l’homme.’ (1;1 Et 12;13)

- Devant qui es-tu destiné à comparaître et rendre compte? Devant le Roi des rois des rois. Tous les êtres vivants ont été créés dans le seul et unique but de craindre D.ieu. Car comment l’homme pourrait-il fauter s’il réalise devant qui il devra rendre des comptes. Car outre le châtiment qu’il encoure, la honte qu’il ressentira sera sans limite.

Le corps oublie, l’âme non

Devant un homme, ou plus encore devant un représentant de l’autorité, fait de chair et de sang, la honte est immense quand on est prit en flagrant délit de mensonge ou de tromperie. Lorsque l’on comparait devant l’autorité suprême, le Roi des rois, la honte est encore plus profonde. Cette honte que nous venons de décrire concerne un homme incarné dans son corps. Mais lorsqu’elle touche l’âme, débarrassée de son enveloppe charnelle, cette honte est encore beaucoup violente.

Pourquoi? Parce que la nature matérielle de l’homme a pour effet de lui faire oublier les souvenirs désagréables, progressivement.

Lorsque l’homme se conduit de façon répréhensible, il en ressent de la honte. Mais après quelques mois, voire quelques années, cette sensation s’estompe, même si le souvenir reste dans sa mémoire.

Le corps oublie, et cet état de fait a une influence sur l’âme, qui, elle aussi, a tendance à chasser de sa mémoire la sensation de honte: on oublie partiellement l’événement, et la sensation de honte disparaît.

En revanche, quand l’âme revient à son état originel, elle na plus accès à la notion d’oubli. Dénuée de toute enveloppe matérielle, elle est pure et limpide, rien ne lui est caché.

Lorsque cette âme comparaîtra devant D.ieu, la sensation de honte gardera éternellement son intensité. C’est le sens des mots de nos maîtres: «Terrible sera cette honte, terrible sera cette confusion» (Talmud Baba Batra 75a). On comprend à présent que celui qui est pénétré de ces vérités sera incapable de fauter.» (Rabbénou Yona ibid.)

Rabbénou Ytshaq, qui cite Rabbi Israël, ajoute une nouvelle dimension à: Où vas-tu? Vers un lieu de poussière, de vers et de vermine. «Il sied à l’homme, justement quand il vit des moments de bonheur, et lorsque sa joie est intense, de garder à l’esprit qu’il mourra un jour. Cette idée ne signifie pas que l’homme ne doive pas se réjouir ni profiter des moments heureux. Au contraire, il doit leur donner une autre dimension, en ne limitant pas le bonheur à des références terrestres, ndlr. Il pourra ainsi mesurer la vanité de ce monde, le caractère éphémère de sa joie, et ainsi, son cœur se détachera des plaisirs terrestres et se pénétrera d’amour envers son Créateur. En effet, celui qui croit pouvoir ressentir simultanément de l’amour pour ce monde-ci et de l’amour envers D.ieu vit dans un leurre.

Méditation sur la mort

Nos Maîtres avaient d’ailleurs l’habitude, au moment le plus intense de leur joie, de penser au jour de leur mort. C’est ce que le Talmud (Berakhot 31a) nous enseigne: «Rav Hamnouna assistait au mariage du fils de Ravina quand on lui demanda de chanter. Il répondit: «N’oublions pas que nous allons finalement mourir!» Rav Hamnouna, par sa réponse, cherchait à soumettre les cœurs à D.ieu. À chaque instant, l’homme doit avoir à l’esprit qu’il devra quitter ce monde, et ne pas oublier qu’il n’a pas le pouvoir de prolonger sa vie, ne serait-ce que d’un court instant; il doit vivre par son imagination son état dans la tombe, lorsque l’éclat de ses yeux et de son visage aura disparu, que sa chair sera décomposée et en proie à la vermine, que l’odeur qui se dégagera de son corps sera pestilentielle. Alors, il trouvera futiles les plaisirs de ce monde, il fuira le luxe et tout mauvais trait de caractère. Il ne cherchera qu’une seule chose: s’attacher au Bien véritable, seule valeur qui l’accompagnera dans sa tombe, et pourra faire pencher la balance en sa faveur, au moment où il devrait comparaître devant le Créateur.

C’est l’idée exprimée par les paroles d’un sage :

«J’ai vu que les amis et les proches accompagnent l’homme jusqu’à sa tombe, mais l’abandonnent ensuite. Les bonnes actions, qui sont mes vraies amies, entreront avec moi dans la tombe (…).

C’est le sens des mots de Rabbi Méïr dans le Midrach sur le verset : «(…) D.ieu examina tout ce qu’Il avait fait. C’était très bien (tov méod)» (Genèse 1;31). Rabbi Méïr lit (Béréchit Rabba 9;5): ‘tov mout’: il est bon (pour l’homme, ndlr.) de mourir.

La lettre aleph est la correspondante du tav, et le daleth celui du vav (Rachach ibid.). Car la mort est en réalité une bonne chose pour l’homme car c’est seulement grâce à la méditation sur la mort que l’homme peut parvenir à maîtriser son mauvais penchant (yetser hara).» (Rabbénou Ytshaq ibid.)

Pour sa part, le Sforno découvre dans notre Michna un double sens. Akavia fait une répétition, bien évidemment intentionnelle: Saches d’où tu viens, et un peu plus loin: D’où es–tu venu?

«La méditation sur tes origines et ton issue, dit le Sforno, doit être liée respectivement sur les deux composantes de l’être humain: son corps et son esprit. Si la composante matérielle de l’homme a comme origine et comme fin une réalité peu enviable, l’âme, au contraire, a une origine divine.

Il semble donc logique et évident d’investir toutes nos forces dans notre composante spirituelle, pour délaisser un tant soit peu, notre corps.

Chabat Chalom