CHABAT BO

12 JANVIER 2008 – 5 CHEVAT 5768

Jérusalem Paris - Bruxelles New York
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur les Pirké Avoth dédié à la BAR MITSVA de ISAAC MOUYAL

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous avons donc plus de 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !

Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Chabat Chalom.

Rav Chalom Bettan


La vie est courte…

Vivons-la pleinement!

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La vie passe en un éclair, ne la gâchons pas en des futilités vaines et inutiles. La Thora est aussi vaste que précieuse, et c’est bientôt le soir…

«Rabbi Tarphon disait: ‘La journée est courte, le travail abondant, les ouvriers sont paresseux, le salaire est élevé et le maître de la maison est pressant.’ ».

(Chapitre 2, Michna 15)

Avant d’aborder la maxime de Rabbi Tarphon, il est intéressant de situer son auteur dans la chaîne de transmission de la Thora.

Nous avons déjà eu l’occasion d’expliquer l’ordre choisi par le compilateur des»Maximes des pères». Il a d’abord suivi la succession des Maîtres en Thora, de Moïse à Hillel, pour ensuite suivre la lignée de ce dernier.

L’ultime hériter de cette dynastie de Thora fut Rabban Gamliel, fils de Rabbi Yéhouda Hanassi (chapitre 2-2).

Il revient ensuite à Hillel, en suivant cette fois la transmission par ses élèves, en commençant par Rabban Yohanan ben Zakkaï et ses cinq disciples de prédilection.

Qui est donc Rabbi Tarphon? Les textes ne mentionnent pas qui fut son maître. Nous savons en revanche qu’il fut un contemporain de Rabbi Akiba,

Ce dernier s’adresse parfois à Rabbi Tarphon comme à son maître, parfois comme à son égal (Sifra 4-5; Talmud Behorot 28b).

Par ailleurs, Rabbi Tarphon était Cohen et il vécu à l’époque du second Temple (Talmud Kiddouchine 71a).

L’existence du monde

Maïmonide, dans l’introduction au Michné Thora, affirme qu’il fut, avec Rabbi Akiba, un élève de Rabbi Eliezer Hagadol ben Horkenos, qui était lui-même l’un des cinq disciples de Rabban Yohanan ben Zakkaï.

Selon cette opinion, l’ordre chronologique n’est donc pas respecté. C’est d’ailleurs l’objet de l’étonnement du Rachbats, qui remarque que la maxime de Rabbi Tarphon précède celle d’Akavia ben Mahalalel (chap.3-1), qui officia encore à l’époque du deuxième Temple.

Rabbi Tarphon, s’il fut contemporain de Rabbi Akiba, devait être encore très jeune au moment de la destruction du deuxième Temple.

Abarbanel affirme pour sa part que Rabbi Tarphon fut un contemporain de Rabbi Eléazar ben Arakh et de Rabbi Josué Hacohen, et qu’il était également un élève de Rabban Yohanan ben Zakkaï.

Si cela était le cas, l’ordre chronologique est respecté, même si Rabbi Tarphon n’est pas cité parmi les cinq élèves de prédilection de Rabban Yohanan ben Zakkaï.

Cependant, d’après Maïmonide, la question de l’emplacement de la maxime de Rabbi Tarphon reste entière.

Le Rachbats explique cet emplacement par le fait que la maxime de Rabbi Tarphon est un complément au concept de Rabbi Eliezer au sujet du salaire attribué à ceux qui étudient la Thora.

Il est fiable, le Maître de ton travail, pour te payer le salaire de ton ouvrage’

(chap2-14)

Selon le Maharal, c’est également parce que la maxime de Rabbi Tarphon complète la précédente qu’elle trouve sa place ici. Mais d’après lui, elle est un complément de:

Sois assidu dans l’étude de la Thora’ (ibid.).

Il est important également de préciser la place toute particulière de Rabbi Tarphon au sein des grands maîtres de son époque. Le Talmud de Jérusalem lui confère le titre de ‘père de tout Israël’ (Méguila 1-10; Yoma 1-1).

Après avoir situé l’auteur, venons-en à sa maxime, en commençant par la première remarque:

La journée est courte’: Maïmonide, suivi par de nombreux commentateurs, explique que c’est une allusion à la vie sur terre, si courte quand on pense au travail à effectuer: l’étude de la Thora.

D’après Rachi, c’est la même idée, non plus au niveau individuel, mais au sens large de l’humanité: selon lui, la journée est une allusion au temps d’existence de notre monde: six millénaires. Cette période, aussi longue qu’elle puisse nous apparaître, est finalement bien courte pour assimiler toute l’étendue de la science de la Thora.

Si l’homme vivait des millénaires…

Le ‘Hafets ‘Haïm fait à ce sujet la remarque suivante:

Nos maîtres nous enseignent que si Adam n’avait pas fauté en cédant à l’envie de goûter au fruit de l’arbre de la connaissance, il n’aurait pas été chassé du Gan Eden, et l’humanité n’aurait pas eu à attendre deux millénaires pour recevoir la Thora. Adam l’aurait reçue immédiatement.

Par ailleurs, nous savons que, ne serait-ce la faute, Adam aurait vécu pendant les six millénaires d’existence de notre monde.

Qu’aurait-il fait durant toutes ces années? Il aurait étudié la Thora, but unique et véritable de la création de l’homme (Talmud Sanhédrin 99b).

Il faut donc croire que la Thora est assez vaste et assez passionnante pour combler l’emploi du temps d’un homme durant six millénaire, un homme qui n’aurait aucune autre nécessité puisque des anges pourvoyaient à tous ses besoins au Gan Eden.

Grâce à cette lecture des événements, on comprend que Rabbi Tarphon considère que ‘la journée est courte’. En effet, la vie humaine, à cause de la faute d’Adam, est brève, alors que la Thora n’a rien perdu de son ampleur.

(‘Hafets ‘Haïm al haThora p.26)

L’un des chants que l’on a l’habitude de psalmodier pendant chabbat, «Kah ribon alam», comprend cette phrase: «Même si l’homme vivait des millénaires, il ne serait pas capable de cerner totalement la Connaissance et la grandeur de D.ieu.»

Rabbénou Yona cite à ce sujet le verset de Job:

«Elle (la Connaissance) est plus étendue que la terre, et plus vaste que l’océan

(11-9)

Il cite également le Midrach où il est raconté que pendant les quarante jours où MoÏse était sur le mont Sinaï, il n’a pas dormi une seule seconde.

Sa situation ressemblait à celle d’un homme à qui un roi puissant dirait: «Prend autant de pièces d’or que tu le peux jusqu’à demain. Tout ce que tu auras réussi à amasser t’appartiendra.»

Cet homme sera-t-il capable de dormir un seul instant?

Ainsi, Moïse s’est dit en lui-même: «Si je dors, combien de pierres précieuses de Thora vais-je perdre?»

Cette question doit être la nôtre, et doit nous amener à utiliser chaque instant pour amplifier notre Connaissance» (Rabbénou Yona ibid.)

Trouver la faille

Dans un autre texte, le ‘Hafets ‘Haïm ajoute une note supplémentaire:

Ce qui conduit Rabbi Tarphon à émettre sa maxime fut la prise de conscience du fait que l’espérance de vie avait diminué. En effet, à l’époque des patriarches et des générations suivantes, les hommes vivaient bien plus longtemps (près de deux siècles). En outre, la vigueur des hommes allait amoindrissant, elle aussi.

Il a donc voulu, par sa maxime, éveiller nos conscience: il nous faut être d’une vigilance et d’une concentration d’autant plus intenses que nos jours sont plus courts, nos forces plus petites et la Thora aussi vaste et étendue, pour toujours.

Il ne faut perdre aucun instant qui aurait pu être consacré à son étude.

La maxime de Rabbi Tarphon est d’une actualité saisissante, car elle nous concerne tout spécialement: en effet, à notre époque, les capacités intellectuelles et notre compréhension dans l’étude sont presque ridicules en regard du niveau que pouvaient atteindre les contemporains de Rabbi Tarphon.

Chaque instant, chaque moment, qui peut être consacré à l’étude doit être optimisé.

Le monde moderne, loin de nous aider à atteindre ce but, a créé des besoins et des loisirs qui vont à l’encontre de cette vérité fondamentale’

(Zahor le Myriam chapitre 23).

Chabbat Chalom