BERECHIT 5767

21 octobre 2006 – 29 Tichri 5767

Jérusalem Paris Montréal
Allumage des bougies16.42 18.3217.40
Sortie de Chabbath17.3719.3718.43

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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur BERECHIT.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment, qui porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Le bâtiment est situé face au Mont HERZL et nous serons toujours heureux de pouvoir vous y accueillir avec les 18 enseignants, les 10 avrehim et les 153 étudiants.

Durant les vacances scolaires, nous avons mis le bâtiment à la disposition des familles du nord du pays qui recherchent un peu de répit.

Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

Evenement

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbat Chalom,

Rav Chalom Bettan


Parachat Berechit

Ruse du mal et sagesse de l’innocence.

Rav Moshé Tapiero

Ignorer ou minimiser l’emprise du mal sur l’homme est pure utopie. Seul celui qui y adhère totalement croit le méconnaître. Sur de lui dénier toute réalité extérieure, il lui prête, à son insu, le support de sa propre existence. Quiconque a su préserver une certaine distance avec le mal reconnaîtra sans peine sa puissance. Il admettra avec les Maîtres d’Israël que sans l’aide du Créateur aucun homme n’aurait raison de lui.

Car la liberté pour le mal ne dispute pas au bien la maîtrise d’actes isolés de l’individu. Il s’agit de bien plus que de simples tentations ponctuelles, luttes épisodiques qui se répéteraient à l’infini. Le conflit porte sur le tout du réel. La question de la liberté est la décision de vivre dans le réel contraignant ou de s’abandonner dans l’illusoire douceur de l’imaginaire. Au regard de la liberté, l’égalité de la valeur et de l’anti valeur n’a pas lieu. La puissance du mal tient dans ce qu’il veut le tout, se pose comme substitut du réel.

Ingérence du mal

La puissance du mal ne serait pas originelle. Seule la consommation des fruits de l’arbre de la connaissance aurait initié chez Adam le Yetser Hara, la liberté pour le mal (Rashi). Pourtant le premier des hommes a bien fauté, ce qui atteste d’une effectivité du mal avant le péché ? Il faut distinguer la possibilité du mal de l’ingérence du mal dans la constitution du sujet.

Le héte (la faute) est manquement à la condition de sujet créé.

Respecter sa propre créaturialité c’est se définir intégralement en rapport à la Volonté du Créateur. La liberté pour le mal est possibilité d’un imaginaire qui présente l’individu comme réalité indépendante sans attache à la Parole créatrice. Possibilité inscrite au cœur même de la constitution du sujet, conatus dans laquelle l’occident a toujours reconnu l’ultime dignité de l’homme.

Il ne s’agit pourtant que d’une seule possibilité. Dans sa pureté originelle, Adam pouvait encore ignorer superbement le mal, le méconnaître royalement. Pur imaginaire, le mal ne résiste guère à l’épreuve du réel.

Pour qui a succombé à la tentation, le mal ne se donne plus comme simple possibilité théorétique. La faute implique l’ingérence du mal dans la constitution du sujet. Alors que sous la figure du serpent il se donnait comme réalité extérieure, il s’immisce depuis dans l’intimité du sujet. « Le serpent s’est uni à la femme et l’a souillé ».

Désormais c’est le ‘moi’ qui désire le mal. Le moi pensant, le moi désirant est investi par le mal. Chute de l’homme qui le condamne à la mort.

Pureté du sujet

L’extrémisme de ce schéma tragique n’est pourtant que leurre. Ultime ruse du mal que de se faire passer pour définitif et radical. L’ingérence du mal dans la stature du sujet n’est certes pas contestable. C’est le même moi qui tends vers le bien qui cède aussi à la tentation du mal. Structure mixte et ambiguë du sujet où volonté du bien et liberté pour le mal coexiste. Pour autant l’égalité n’est jamais totale. En deçà de l’équivoque du moi se tient le soi authentique.

La souillure qui marque l’homme reste en définitive étrangère au sujet. L’immixtion du mal n’atteint pas le noyau dur de la subjectivité, point d’innocence et de pureté inaltérable. Au regard de cette intériorité intangible le mal est toujours extérieur. Les Maîtres d’Israël signifient le Yetser Hara comme El Zar puissance étrangère lui déniant la dignité du soi.

Etrangeté radicale garante de toute liberté. En deçà de la bipolarité du bien et du mal se révèle la contrainte d’un bien premier et originel marque de la créaturialité du sujet. Roc d’innocence qui résiste aux pressions du mal et à sa ruse malfaisante. Etre libre après une faute qui marque l’homme et le livre à la gouvernementalité du mal, c’est se savoir soumis à une contrainte plus radicale, celle du Bien qui précède et fonde toute liberté.

Retour à soi

Comment donc surmonter la faute, se défaire de la souillure du péché ? Avant de s’attaquer à l’éradication du mal il faut revenir à ce point d’innocence restaurer la dignité du soi en révélant l’imaginaire du pseudo-du-moi.

Kippour, jour d’innocence et de pureté, était le théâtre d’une étrange cérémonie. On choisissait deux boucs totalement identiques quant à leurs allures leurs âges et leurs prix. L’un était introduit à l’intérieur du Beit Hamikdash et sacrifié au nom de D.ieu. L’autre, portant toutes les fautes d’Israël était envoyé au lointain. Qu’est-ce-à-dire ?

A travers ces boucs dont le sang est semblable à celui de l’homme se dessine l’aventure adamique. Deux boucs pour dire les deux figures de l’humain : La première, authentique, celle du sujet campé dans le réel. La seconde, relevant du pur imaginaire, qui s’exerce dans la liberté pour le mal. Identité parfaite des deux boucs pour dire la coexistence permanente des ces deux figures dans chaque homme.

Ambiguïté désastreuse dans la configuration du sujet.

Retrouver l’authenticité du soi nécessite le discernement de ces deux figures, la levée de toute équivoque. Séparer le moi de son pseudo, introduire le premier dans la proximité divine pour ensuite seulement envoyer au lointain toute faute commise. A qui entend encore le mal comme relevant du moi aucune pureté n’est accessible.

En règle générale, le Yetser Hara est défini comme Mélékh

, roi tout puissant qui exerce sa souveraineté sur l’homme. Dans la liturgie de Kippour on évoque plutôt la Memchélét Zadon, la domination tyrannique du mal.

Mélékh et Mochél ressortent de deux types de gouvernementalité. La première est acceptée et même suscitée par les sujets du souverain alors que la seconde est imposée par le tyran. La consistance du mal tient à ce que l’individu le perçoit comme Mélékh.

N’est-ce pas son moi le plus profond qui semble désirer le mal ! A Kippour s’offre la possibilité d’une déhiscence à partir de laquelle l’illusoire se dissipe. Le mal n’est que tyrannie. Sa gouvernementalité n’est jamais acceptée par le moi authentique. Le pur étranger sans aucune proximité réelle.

Est-ce dire que la faute n’a rien changée ? Certes pas. Le sujet est à jamais affaibli, sans cesse exposé à une tentation à laquelle il a déjà succombé.

Lapétah Hatat Rovetse.

Le mal se fait insistant, il interpelle, frappe à la porte du moi. Minimiser sa puissance c’est abdiquer. Il faut prendre garde de lui, s’en éloigner tant que possible, fuir la tentation. Mais ces pratiques de sauvegarde doivent s’enraciner dans une conscience claire de l’étrangeté du mal et de l’innocence irréductible d’un moi qu’aucune faute ne saurait altérer.

CHABAT CHALOM