CHABAT VAYICHLAH

9 DECEMBRE 2006 – 18 KISLEV 5767

Jérusalem Paris Montréal
Allumage des bougies16.15 16.3415.51
Sortie de Chabbath17.1517.4817.00

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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur la paracha de la semaine consacré à la mémoire de

Monsieur Salomon ELFASSY (zal) bar Dina (21 kislev).

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment, qui porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Le bâtiment est situé face au Mont HERZL et nous serons toujours heureux de pouvoir vous y accueillir avec les 18 enseignants, les 10 avrehim et les 153 étudiants.

Durant les vacances scolaires, nous avons mis le bâtiment à la disposition des familles du nord du pays qui recherchaient un peu de répit.

Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

http://www.daathaim.org/evenement/index.php

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbat Chalom,

Rav Chalom Bettan


Une rencontre pour l’éternité

Par le Rav Chalom Bettan

Yaacov quitte son terrible beau-père Lavan et se dirige vers la terre d’Israël. Pour lui annoncer son retour, il envoie des messagers à son frère Essav, qui réside à Séïr. Cette rencontre sera véritablement historique, car elle va marquer et fixer nos relations avec les autres Nations pour le reste de l’éternité…

Quand Essav reçoit la visite des messagers de son frère, il n’est pas dans de très bonnes dispositions. En fait, il est plein de haine pour son frère Yaacov, qu’il considère comme celui qui lui a usurpé son droit d’aînesse et qui lui a volé les bénédictions de son père, Isaac.

Il décide donc de lever une troupe armée et se dirige vers Yaacov pour le tuer.

Cette rencontre, dans tous ses détails, y compris l’attitude de chacun des protagonistes, va fixer pour toujours le type de relations que le peuple juif entretiendra avec le reste des Nations. La compréhension de cette situation particulière donne une perspective globale des équilibres en jeu.

« L’action des pères est un signe pour leurs enfants », commentent nos sages.

Dans le mot « signe », il faut comprendre « l’acte qui fixe le niveau » de toutes les nations pour toujours. L’action des pères marque le niveau spirituel de leurs enfants. Car il faut savoir que le niveau des peuples, du peuple juif comme celui des autres, est en fait leur niveau spirituel.

Un antagonisme permanent

Nos Sages de mémoire bénie, font état de soixante-dix nations, et de deux chefs de files, que sont Essav et Ismaël (le monde occidental et les musulmans). Leur rivalité est constante et incontournable. Actuellement, nous assistons à la résurgence de cette lutte qui oppose ceux qui veulent imposer au monde les valeurs tronquées qu’ils représentent.

D’un côté, nous avons Ismaël, fils d’Avraham, mais qui n’est que le fils de la servante. Et quoiqu’il arrive, il se comporte comme un usurpateur.

Dans la Thora, Ismaël ne possède pas de rois, seulement des chefs de peuplades, ce qui montre qu’Ismaël n’accédera jamais à un statut de dirigeant. « Tels sont les fils d’Ismaël et tels sont leurs noms, chacun dans la bourgade et dans son domaine : douze chefs de peuplades distinctes. » (‘Hayé Sara, 25 ; 16)

Actuellement, les musulmans, qui possèdent la puissance démographique (on compte aujourd’hui plus de 1 300 000 000 de musulmans dans le monde) et la puissance financière, continuent de se comporter en usurpateurs, en agissant par le terrorisme, sans parvenir à adopter un comportement civilisé.

Quant à Essav, on voit dans la Parachat Toldoth, qu’il n’est pas à la hauteur de sa mission. Izt’hak aurait souhaité que les deux frères, Yaacov et Essav, soient associés dans la mission qu’Hachem a confié au peuple juif : Essav pour la réalisation matérielle, Yaacov pour les orientations spirituelles.

Or, Rivka constate qu’Essav n’est pas au niveau des espérances de son père : il n’a pas la carrure ni la droiture requise. Malgré tout, Essav parviendra à obtenir une bénédiction de son père : quand Yaacov baissera de niveau, Essav prendra le dessus.

Ainsi, Yaacov n’a pas le droit à l’erreur ; s’il faute, s’il ne tient plus son rôle, c’est Essav qui dirige le monde.

Depuis la destruction du Temple, le peuple juif a perdu son indépendance spirituelle et a dû laisser Essav, l’Occident, prendre le pouvoir. Quand elle parle d’Essav, la Thora, dans notre paracha, le désigne sous le terme de Roi :« Ce sont ici les Rois qui régnèrent dans le pays d’Edom, avant qu’un roi régnât sur les enfants d’Israël.» (Vayichla’h, 36 ; 31).

Cette différence de statut, entre Ismaël et Essav, soulignée par la Thora, apparaît dans les contrastes qui existent entre l’Orient et l’Occident.

Nos Sages expliquent que cette lutte est gigantesque et que ses enjeux sont fondamentaux.

Mais la Thora ne se contente pas de constater : elle nous indique également la conduite à suivre pour éviter les embûches de l’exil.

Yaacov représente justement le Juif de l’exil. La plus grande partie de sa vie, il fut contraint à vivre en dehors d’Eretz Israël.

La paracha de cette semaine est appelée la paracha de l’exil par le Midrach (cf. Nahmanide 33 ; 15), car elle nous indique justement comment se comporter dans l’obscurité de l’exil. Il est intéressant de savoir que nos Sages, à chaque fois qu’ils devaient se présenter à Rome relisaient et réétudiaient cette paracha.

Penchons-nous donc quelques instants sur l’attitude de notre père Yaacov dans ses rapports avec son frère Essav.

A mon seigneur Essav…

Yaacov décide tout d’abord de prévenir son frère de son arrivée, ce à quoi il n’était pas obligé. Il charge des émissaires de transmettre ce message : « Vous direz ainsi à mon seigneur, à Essav : Ainsi parle ton serviteur Yaacov » (32 ; 5), et plus loin : « A mon seigneur, Essav, pour obtenir faveur à ses yeux. » (32 ; 7) On le voit, Yaacov se fait petit devant son frère Essav.

De cette attitude découlera comme une sorte de décret pour le peuple juif : il ne pourra pas se battre ouvertement contre Essav, et ce jusqu’à la fin des temps. Et on a pu le constater, tout au long de l’histoire, le peuple juif a dû chercher des compromis pour vivre avec les autres peuples. Nous sommes contraint de rechercher à tout prix les équilibres dans cet antagonisme.

Et nous constatons aujourd’hui cet état de fait, qui est incompréhensible. Sans rentrer dans la géopolitique, alors qu’Israël est une des grandespuissances militaires mondiales, l’état hébreu paraît ne pas avoir droit d’agir en légitime défense.

Quand les Etats-Unis décident d’assurer leur sécurité en Afghanistan, au prix de nombreuses vies humaines, personne ne peut les en empêcher. En revanche, alors qu’Israël est menacé dans son existence même, l’armée est contrainte à l’impuissance, et les Juifs ne peuvent pas se défendre comme ils le voudraient. Tant que nous ne sommes par arrivés à une indépendance spirituelle totale, nous restons soumis aux autres nations, à Essav.

Un enjeu extraordinaire

Car c’est bien ici que se trouve l’enjeu exposé par la Thora. Les patriarches ont atteint un niveau spirituel individuel fixant ainsi la dimension de la nation juive. On peut d’ailleurs voir, toujours dans la paracha de cette semaine, que ce qui touche les patriarches concerne tous les Juifs, pour toujours.

Après la bataille avec l’ange, Yaacov est blessé au nerf sciatique : «C’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangent point, aujourd’hui encore, le nerf sciatique, qui tient à la cavité de la cuisse. » (32 ; 33).

Le peuple juif dans son ensemble doit faire un travail de perfection, pour d’abord « concrétiser » collectivement ce à quoi sont parvenus nos patriarches individuellement. Et ensuite poursuivre l’œuvre de perfection humaine afin que le peuple juif mérite d’être les représentants de la divinité.

User de diplomatie

Mais l’on peut se demander pourquoi Yaacov a-t-il choisi d’adopter cette attitude. C’est d’ailleurs le sens du Midrach raba dans notre paracha, qui émet une critique vis à vis de notre patriarche :

Pourquoi provoquer Essav alors que rien n'obligeait Yaacov à le prévenir de son arrivée ? La raison est qu’il n’a pas voulu se battre contre son frère par peur de tuer ou de se faire tuer. Il a donc préféré user de diplomatie pour obtenir la paix.

Un peu plus loin, le Midrach semble au contraire respecter la décision de Yaacov puisqu’il relate l’anecdote suivante…

Rabbi Yéhouda Hanassi dicta à son secrétaire une missive destinée à Antonin, consul Romain en Israël, qui commençait par les mots suivants: « De ton serviteur Juda à notre maître, le roi Antonin ». Son secrétaire lui demanda : «Pourquoi te rabaisser ainsi devant lui ?»

« Suis-je mieux que notre père Yaacov », lui répondit-il, qui s’adresse à Essav dans les termes que nous connaissons. Ainsi, le Midrach montre le rapport entre les nations qui a été fixé pour toutes les générations par l’action de Yaacov.

Sous un certain aspect, le Midrach semble critique, sous un autre, il semble respecter l’attitude de Yaacov comme étant un exemple.

Il apparaît des paroles de nos sages dans ce Midrach que Yaacov avait les capacités spirituelles d’ignorer Essav et de ne pas se rabaisser devant lui. Une fois qu’il n’a pas mené cette lutte, nous n’avons pas la les forces spirituelles nécessaires pour le faire.

L’attitude des Nations à l’égard du peuple juif

Nous voyons que la réaction d’Essav fut pour le moins imprévue, et qu’elle tend à prouver que Yaacov avait vu juste. En effet, le verset (33 ; 4) stipule : « Essav courut à sa rencontre, l’embrassa, se jeta à son cou et ils se mirent à pleurer. »

Il est intéressant de se référer au commentaire de Rabbi Shimon Bar Yo’haï, rapportée par Rachi (33 ; 4) : « Rabbi Shimon Bar Yo’haï explique que c’est un principe fondamental que Essav hait Yaacov, mais qu’à cet instant précis, il eut pitié, et il l’a embrassé de tout son cœur. »

Essav a beau nous sourire, il nous hait.

Rav Cha’h zatzal disait à ceux qui arguaient que les Etats-Unis soutiennent inconditionnellement Israël, qu’au départ, à l’ONU, les Etats-Unis s’étaient opposés à la création de l’état hébreu, alors que l’URSS et la France y étaient favorables.

Parce que nos patriarches ont fixé un certain rapport entre nous et les autres peuples et parce que notre mission est de concrétiser leurs actions au niveau national, nous devons nous inspirer des actes de nos ancêtres.

ous avons la chance immense de posséder un livre qui nous indique le chemin pour s’orienter dans le dédale de l’exil, alors que nous vivons sans Temple et sans présence d’Hachem révélée dans le monde, cela jusqu’à l’ère messianique.

Yaacov n’a pas osé lutter, et c’est ainsi qu’est fixée notre relation avec les peuples.

Ne pas chercher à attiser la haine et savoir faire profil bas quand il le faut, voilà sans doute l’une des leçons de sagesse que nous livre la Thora…