Chabat Parachat Bechalah 11 février 2006 –

13 chevath 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies16 h 41 16 h 55 17 h 44
Sortie de Chabbath : 17 h 59 18 h 00 18 h 51

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora». Le quatrième volume est déjà sous presse et nous espérons vous le faire parvenir ans les meilleurs délais.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, nous avons accueilli la nouvelle promotion, ce qui porte le nombre des élèves de la Yéchiva à 140. Le corps enseignant compte dorénavant 16 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov .

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom & joyeux Tou Bichvat,

Rav Chalom Bettan


La reconnaissance du Bien

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Rembourser ses dettes est plus qu’une preuve d’honnêteté, c’est le signe d’une qualité primordiale: la reconnaissance pour les bienfaits reçus…

«Il leur dit: ‘Sortez et voyez quel est le droit chemin auquel l’homme doit s’attacher’. Rabbi Eliézer disait: ‘un bon œil’; Rabbi Jéochoua disait: ‘un bon compagnon’; Rabbi José disait: ‘un bon voisin’; Rabbi Siméon disait: ‘prévoir l’avenir’ Rabbi Eléazar disait: ‘un bon cœur’. Il leur dit: ‘Je préfère les paroles de Rabbi Eléazar car elles englobent les vôtres’.

Il leur dit: ‘Sortez et voyez quel est le mauvais chemin dont l’homme doit s’écarter.’ Rabbi Eliézer disait: ‘Un mauvais œil’. Rabbi Jéochoua disait: ‘Un mauvais compagnon’. Rabbi José disait: ‘Un mauvais voisin’. Rabbi Siméon disait: ‘Emprunter et ne pas rendre – que le créancier soit un homme ou soit D., comme il est dit: ‘Il emprunte, le méchant, et ne paie pas; mais le juste gratifie et donne’ rabbi Eléazar disait: ‘Un mauvais cœur’. Il leur dit: ‘Je préfère les paroles de Rabbi Eléazar, car elles englobent les vôtres.’ »

(Chapitre 2, Michna 9)

La réponse de Rabbi Siméon à la deuxième question de Rabban Yo’hanan est à première vue la seule qui ne soit pas l’opposé de sa réponse à la première question.

Plus encore, la deuxième réponse de Rabbi Siméon semble être sans lien avec la première. Car quand il définissait le bon chemin, il disait ‘prévoir l’avenir’, alors que lorsqu’il définit le mauvais, il dit: ‘emprunter et ne pas rendre’.

En outre, il est étonnant de constater que le défaut dont il parle semble être certes répréhensible, mais spécifique et limité, ne recouvrant pas un comportement éthique global.

Pourtant, Rabbi Siméon voit dans cette attitude une déviance capable de perdre un homme.

Pour bien comprendre sa pensée, nous allons découvrir les commentaires de nos Maîtres, en commençant par celui de Maïmonide.

Prendre des risques pour les autres

D’après lui, Rabbi Siméon, lui aussi, répond par l’opposé de sa première réponse, car celui qui emprunte et ne rend pas se trouve à l’extrême opposé de celui qui prévoit l’avenir.

En effet, celui qui ne rend pas l’argent qu’on lui a prêté, ne se projette pas dans l’avenir où, peut-être, il aura à nouveau besoin d’aide et qu’il ne trouvera personne pour le faire, dans la mesure où tous connaissent ses agissements.

Il risque donc de se trouver un jour dans une situation délicate.

Le Rachbats donne une explication complémentaire. Rabbi Siméon n’avait pas la possibilité de répondre, pour définir le mauvais chemin: ‘celui qui ne prévoit pas l’avenir’, car cette attitude n’est pas forcément négative.

En effet, en général, même s’il l’on n’a pas bien évalué les risques et les conséquences d’une action, ou d’une situation, on peut souvent trouver des solutions au moment où les difficultés se présentent.

Mais lorsqu’il s’agit d’un emprunt, et que l’on met en danger celui qui a prêté l’argent, risquant de lui faire perdre son prêt, c’est réellement l’aspect négatif de ne pas prévoir l’avenir. Car si l’on peut prendre des risques pour soi-même, on ne peut le faire pour les autres.

Rabbi Haïm Chmoulevitz nous permet de comprendre le sens profond des paroles de Rabbi Siméon.

«Dans sa question, le terme utilisé par Rabban Yo’hanan est ‘un mauvais chemin’. Il s’agit donc de découvrir une attitude, un chemin qui mènerait vers le mal, et non des actes desquels il faut s’éloigner.

Et c’est bien le sens des réponses des autres élèves quand il disent: ‘un mauvais œil’, ‘un mauvais compagnon’,…

Il faut donc croire que Rabbi Siméon considère que ne pas rendre l’argent que l’on a emprunté est le symptôme d’un défaut bien plus profond et plus général.

Ce défaut (midda raa) est de manquer de reconnaissance envers l’autre, de ne pas se sentir redevable envers celui qui nous a aidé.

En effet, celui qui ressent qu’il a bénéficié de l’aide de l’autre et qui lui en est reconnaissant, finira toujours par rendre l’argent emprunté, même si cela lui est difficile.

Seul celui qui n’a pas cette sensation prend le mauvais chemin: n’éprouvant aucune obligation envers ses bienfaiteurs, il causera lui-même sa perte, car personne ne lui fera plus confiance.

Même s’il a la sensation d’avoir profité à court terme de la gentillesse des autres, à long terme, il sera perdant.

Le trait de caractère inverse, qui consiste à prévoir l’avenir, comprend donc la notion de reconnaissance (hakarat hatov), envers ceux qui nous ont aidé.»

(Rabbi Haïm Chmoulevitz, Si’hot Moussar)

Etre reconnaissant: la clef du bonheur

Rabbi Avigdor Miller nous offre un autre éclairage:

«Un texte très connu du Talmud relate cette anecdote où un non juif vint demander à Hillel de le convertir, à condition que ce dernier lui résume toute la Thora durant le temps court où il pourrait se tenir sur un pied.

Hillel lui répondit: ‘Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse.’ (Talmud Chabbath 31a).

Rachi interprète ‘ton prochain’ dans le sens d’une allusion au Créateur, tel que dans le verset des Proverbes:

«N’abandonne ni ton ami, ni l’ami de ton père» (27-10)

Rachi explique donc la réponse de Hillel ainsi: «Ne transgresse pas Sa parole, comme tu n’aimerais pas que ton ami transgresse la tienne» (Rachi ibid.)

Que devons-nous comprendre de cet enseignement?

Prenons une image. Si tu construis une maison à ton ami et que tu lui demandes ensuite de fixer une plaque en ton souvenir, tu considèreras tout naturel qu’il donne suite à ta requête.

De la même façon, la conscience que tu as des bienfaits infinis du Créateur doit t’amener à considérer toutes ses requêtes comme des obligations.

C’est la clef de l’accomplissement de toute la Thora.

Dans la suite de la réponse de rabbi Siméon, ce dernier précise encore sa pensée: celui qui agit en empruntant et en ne rendant pas aux hommes, agira de la sorte avec son Créateur. Et il découvre ici une vérité fondamentale.

Il ne faut pas imaginer que celui qui ne rembourse pas ses dettes pourra par ailleurs remplir ses devoirs envers le Créateur.

Rabbi Siméon nous explique au contraire q’un trait de caractère (midda) ne peut s’exprimer de façon sélective. Celui qui a en lui ce défaut de ne pas rembourser ses dettes, vit dans cet état d’esprit et en est imprégné en permanence.

Il agira ainsi envers tous et ne pourra développer la reconnaissance pour les bienfaits de D.ieu et ne parviendra jamais à se rapprocher de Lui.»

(Rabbi Avigdor Miller – Torath Avigdor vol 2 p.116)

Débiteur de D.ieu

Il faut pourtant apporter une précision à ce concept. Tous ceux qui n’ont pas rendu l’argent qu’ils ont emprunté n’entrent pas dans le cadre de notre Michna. Car certains avaient les moyens de rembourser leur dette au moment où ils l’ont contracté.

Mais par la suite, ils ont rencontré des difficultés financières qui les ont empêché de le faire.

Ceux-là ne sont pas concernés par la midda décrite par Rabbi Siméon. En revanche, Rabbi Siméon parle d’une personne qui au moment d’emprunter, sait pertinemment qu’elle ne pourra pas rembourser

Preuve en est que Rabbi Siméon emploie en hébreu un futur et non un passé: ‘vélo yéchalem’ (et il ne paiera pas).

S’il avait voulu parler de tous ceux qui en payent pas leurs dettes, il aurait dit: ‘et il n’a pas payé’.

On parle bien d’une personne qui agit avec ‘préméditation’: celui-là est considéré comme un méchant (racha).

L’ordre des mots de la Michna vient confirmer cette opinion. Il n’est pas dit: ‘Celui qui emprunte et ne rembourse pas est un racha’.

Il est dit: ‘Il emprunte, le méchant, et ne paie pas’. Ce qui signifie qu’au moment d’emprunter, il est déjà appelé ‘racha’ car il n’a pas l’intention de rembourser.» (Tiféreth Israël ibid.)

Concluons par les interprétations de nos maîtres sur la fin de ce passage:

« (…) que le créancier soit un homme ou soit D., comme il est dit: ‘Il emprunte, le méchant, et ne paie pas; mais le juste gratifie et donne’ (Psaumes 37-21).

Rachi et Rabbi Yaacov ben Chimchon expliquent ainsi:

Celui qui ne rembourse pas sa dette devient redevable à D.ieu car c’est D.ieu lui-même qui rendra à celui qui a prêté. Car ce dernier a accomplit la mitsva de la Thora de prêter.

C’est donc D.ieu qui rembourse la dette à sa place, et l’emprunteur doit donc l’argent à D.ieu Lui-même, comme l’exprime la fin du verset: ‘mais le juste gratifie et donne’.

Le juste est une allusion ici au Juste de la création: D.ieu, qui gratifie et donne à celui qui a prêté et n’a pas été remboursé.

Rabbénou Yona explique différemment ce passage:

«Rabbi Siméon nous dit: ‘Ne crois pas que parce que le Beth Din t’as acquitté, aux vues de ta situations, tu es véritablement disculpé.

Ta dette reste entière et tu es considéré comme un racha. Car tu aurais pu prévoir que tu serais dans l’incapacité de rembourser.

La fin du verset par le du juste (tsadik) qui fait des efforts particuliers pour rembourser sa dette. Sa démarche sera appréciée avec grâce (‘hen) au point que ses créanciers lui seront reconnaissants de ses efforts, même s’il ne rend pas tout ce qu’il doit.» (Rabbénou Yona ibid.)

On le constate, emprunter et ne pas rendre est un comportement qui dépasse la seule faute commise. C’est toute la personnalité de l’homme qui est par là remise en question: celui qui veut ignorer ce que l’autre a fait pour lui n’aura jamais accès à l’élévation morale dans quelque domaine que ce soit.

Chabbath Chalom


Commentaires sur Parachat BECHALAH

La manne, ou le désir suscité

Par le Rav Eliahou Elkaïm

On est souvent porté à croire que si la main divine était moins cachée, si l’on voyait de vrais miracles, comme il y en eut par le passé, l’humanité aurait plus de facilité à reconnaître D.ieu. Les lignes qui suivent vont nous prouver que tout n’est pas aussi simple…

La paracha de cette semaine nous décrit les premiers pas du peuple d’Israël dans son périple de quarante ans dans le désert et les miracles qui leur permirent de survivre dans ce milieu aride et hostile.

Miracles parmi lesquels, la Manne, ce « pain venu du ciel », sera leur seule nourriture durant toute la traversée : « L’Eternel dit à Moïse : Je vais faire pleuvoir pour vous une nourriture céleste ; le peuple ira en ramasser chaque jour sa provision, et j’éprouverai de la sorte s’il obéit à ma doctrine ou non. » (Chemot 16 ; 4)

Na’hmanide, dans son commentaire (Nombres chapitre 16, verset 6), rapporte la discussion de deux Maîtres dans le Talmud (Yoma p.75).

Rabbi Akiba et Rabbi Ychmaël ont une divergence de vue au sujet de la manne, et plus précisément sur un verset des Psaumes sur ce point : « T ous eurent à manger de ce pain des puissants (abirim) : Il leur avait envoyé des vivres à satiété. » (78 ; 25).

D’après Rabbi Akiba, il s’agit du même pain que celui que mangent les anges, car « abirim » est ici compris comme « anges ».

De son côté, Rabbi Ychmaël pense que les êtres célestes ne mangent pas, et pour appuyer ses dires, il cite Moïse, racontant les quarante jours qu’il passa au sommet du Sinaï, près des cieux : « Je m’étais retiré sur la montagne pour recevoir les tables de pierres, les tables de l’alliance contractée par le Seigneur avec vous. Je restais sur la montagne quarante jours et quarante nuits, ne mangeant pas de pain, ni buvant point d’eau. » (Deutéronome 9 ; 9)

Rabbi Ychmaël comprend que cette nourriture était entièrement absorbée par l’organisme à la différence des autres aliments. Et le mot « Abirim » doit être compris par « membres » (évarim) et non par « anges », comme le comprend Rabbi Akiba.

Na’hmanide explique que l’existence des anges et leur subsistance provient d’une lumière divine. Et c’est un faisceau de cette lumière qui, partiellement matérialisé, a formé la manne.

Il s’agirait donc d’un élément qui dépasse les contingences de la matière.

Un désert fertile ?

Cette discussion très métaphysique nous mène à une première réflexion. Etait-il réellement nécessaire de créer une telle substance seulement pour nourrir le peuple d’Israël errant dans le désert ? N’aurait-il pas suffit qu’un miracle rende le désert fertile ?

Moïse lui-même vient répondre à notre question.

A la fin de sa vie, dans les paroles qu’il a adressées au peuple d’Israël, il revient sur les événements principaux à partir de la sortie d’Egypte, et il explique le phénomène de la manne.

« Oui, Il t’a fait souffrir et endurer la faim, puis Il t’a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que tes pères n’avait pas connue ; pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais qu’il peut vivre de tout ce que produit le verbe du Seigneur. » (Devarim 8 ; 3)

Essayons d’abord de comprendre la signification de : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais il peut vivre de tout ce que produit le verbe du Seigneur. »

Pour cela, nous devons effectuer un petit retour en arrière, au moment de la création du monde…

Nouvelles créations

Le monde a été créé par dix paroles de D.ieu, (Michna Pirké Avoth 5 ; 1). D’après le Maharal de Prague et le Gaon de Vilna, la dixième parole est celle citée dans la Génèse : « D.ieu ajouta : Or, Je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre ; et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbre par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture. Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, J’assigne toute verdure végétale pour nourriture. » (Béréchit 1 ; 29, 30).

A priori, il ne s’agit pas d’une nouvelle création mais de directives adressées aux éléments déjà créés.

Le Maharal de Prague et le Gaon de Vilna expliquent que cette parole a créé une nouvelle dimension dans notre univers. L’existence des végétaux n’entraîne pas forcément qu’ils aient le pouvoir de nourrir l’homme.

Ce pouvoir de nourrir, de donner la vie, est une création en soi, qui prend effet seulement à partir du moment où D.ieu le décrète, et ce que nous considérons comme une évidence naturelle est l’effet de Sa dixième parole.

C’est donc pour que le peuple d’Israël comprenne profondément cette vérité absolue, qu’il fallu le nourrir pendant quarante ans « de lumière divine à son état originel. » Seule cette expérience était capable de leur montrer que le pain qui nourrit l’homme n’est qu’une forme plus matérialisée d’une réalité spirituelle.

C’est le sens profond des mots de Moïse : « Pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais qu’il peut vivre de tout ce que produit le verbe du Seigneur. »

Une autre question reste à soulever : si l’enjeu était de montrer aux Juifs que l’homme ne vit pas « seulement de pain », quel besoin y avait-il de le faire souffrir et de l’affamer ?

Pour répondre à cette question, nous allons devoir découvrir une nouvelle dimension du monde et de l’homme.

Soif de vérité

Rabbi Aaron Kotler, dans son ouvrage Michnat Rabbi Aaron, explique : la connaissance proprement dite ne peut être saisie réellement par l’homme et l’élever si elle lui est dévoilée brutalement, sans que ne lui précède une soif de vérité. Seule une situation de famine et de manque pousse la communauté d’Israël à chercher espoir uniquement dans son Créateur, constatant qu’aucune autre issue n’est possible.

C’est seulement ainsi qu’une réelle prise de conscience peut se mettre en place, et la leçon de la manne devient limpide : toute la création ne tire sa source que dans la parole divine. Les réalités, même les plus prosaïques, les plus naturelles, n’existent que grâce à une volonté divine sans équivoque.

Pour comprendre le sens profond du miracle, il ne suffit pas d’en être le témoin, il faut avant tout y aspirer de tout son être. Alors seulement, le miracle peut avoir l’effet désiré : une élévation pour l’homme et un accès à un plus grand niveau de connaissance.

Ce message reste actuel de nos jours. Dans les ténèbres de l’exil, la main divine fait parfois de brèves apparitions.

Scuds et miracles

Nous avons tous été les témoins des miracles de la guerre du Golf, où trente-neuf scuds ont fait seulement quelques blessés et malheureusement un mort en Israël, alors qu’ils avaient été lancés sur des zones urbaines. Pourtant, ces mêmes missiles ont causé des ravages en vies humaines dans des endroits bien moins peuplés. Sommes-nous devenus plus « solides » dans notre connaissance et notre engagement face à D.ieu ?

Les événements dramatiques que nous vivons actuellement devraient interpeller les Juifs, mais aussi le reste du monde. Dans la situation que traverse Israël, on retrouve tous les éléments annoncés dans les textes sacrés sur le rôle d’Ichmaël à la fin des temps. Et pourtant, très peu parviennent à une véritable prise de conscience.

C’est la soif préalable « d’Esprit » qui manque de nos jours.

Moïse, lorsqu’il s’adresse une dernière fois au peuple d’Israël, lui expose le processus, voulu par D.ieu, qui commence par une sensation de faim, comme un désir qu’on aurait suscité pour permettre une élévation extraordinaire de tout le peuple.

D’aucuns penseront que notre génération connaît cette résurgence de l’intérêt pour le spirituel. Les prophètes eux-mêmes l’annoncent : « Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur D.ieu, où J’enverrai la famine dans le pays. Ce ne sera ni de la faim demandant du pain, ni de la soif de l’eau, mais le besoin d’entendre les paroles de l’Eternel. » (Amos 8 ; 12).

Goûter la pureté

Ce phénomène existe effectivement, mais il ne comporte pas les mêmes caractéristiques que la famine vécue dans le désert.

Le Rav de Ponievez zatsal, fait une remarque pertinente à ce sujet.

Le Midrach (Béréchit 40 ; 3) énonce dix grandes famines qui frapperont l’humanité, la dernière étant celle annoncée par Amos (ci-dessus). Un deuxième Midrach (Pirké rabbi Eliezer) ajoute que cette dernière famine sera la plus cruelle de toutes.

Le Rav de Ponievez fait remarquer que cette forme de famine n’a rien de commun avec les neuf autres qui la précèdent. Loin d’être un fléau, elle semble être au contraire un espoir pour l’humanité, qui parviendrait ainsi à se détacher un peu de la matière. Pourquoi le Midrach la met donc sur le même plan que les autres ?

En réalité, celui qui a vécu l’expérience terrible de la famine (notamment durant les dernières guerres mondiales), peut témoigner de deux de ses effets :

Les ambitions de nourriture revêtent leur plus simple expression : on rêve simplement d’un morceau de pain qui calmerait la faim.

Si la faim devient encore plus violente, on peut aller jusqu’à se disputer pour des aliments avariés, trouvés dans des poubelles. Même si l’on sait pertinemment que ces détritus, même s’ils calment la faim pour un moment, pourront causer des dommages à la santé.

Le Midrach dont nous avons parlé précise que la famine annoncée par le prophète Amos contient ces dangers : comme dans toute vraie famine, nos ambitions, spirituelles cette fois, seront médiocres et sans envergure. Pire encore, nous irons chercher à calmer notre faim auprès de charlatans, qui nous abreuveront de pseudo-théories et de spiritualité avariée. Et nous n’aurons même plus la possibilité de discerner ni de comprendre le danger qu’ils représentent.

Il est vrai qu’à toutes les époques de l’histoire, il y eut de faux représentants de la spiritualité. Mais il existait simultanément une vérité suffisamment claire pour que celui qui la recherchait puisse la trouver aisément.

A la fin des temps, seuls ceux qui s’acharneront à découvrir une vérité pure et sans compromis auront le mérite d’y goûter. Mais pour cela, il faut en avoir eu vraiment envie, et avoir su faire naître une « faim » salutaire.

Là se trouve le véritable sens des paroles de Moïse : « Oui, Il t’a fait souffrir et endurer la faim»