CHAVOUOT

2&3 Juin 2006 – 6&7 Sivan 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies18 h 5920 h 17 21 h 27
Sortie de Chabbath 20 h 22 21 h 33 22 h 45

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser les Dvar Thora de cette semaine traitant de Chavouot à la mémoire de la Rabbanite Jamila Bat Hanna MESSAS épouse de Rabbi Chalom MESSAS zal, Grand Rabbin et Président des tribunaux Rabbiniques qui a été parmi les plus grands soutiens de notre institution.

Nous présentons nos condoléances au Rav MESSAS, Grand Rabbin de Paris et à tous ses enfants et petits-enfants.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, La Yéchiva Daat Haïm a accueilli une nouvelle promotion, ce qui porte le nombre de nos élèves à 140. Le corps enseignant compte désormais 16 membres.

L’aide de tous nos amis nous sera précieuse pour assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ces Dvar Thora sont écrits et publiés pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Hag Saméah & Chabat Chalom,


Rav Chalom Bettan

Recevoir la Thora, Pourquoi nous ?

D’après un cours du Rav Chalom Bettan

S’agissant de donner d’Israël une définition exacte, le Targoum emploie l’expression, aujourd’hui classique, de « peuple qui reçoit la Torah ». Il faudrait pouvoir, avec toute la fraîcheur et l’étonnement d’une première lecture, recevoir le choc de cette formule surprenante. N’est-il pas plus adéquat de parler d’observance et de pratique pour décrire l’engagement à l’égard d’une loi, l’organisation de la vie sociale et individuelle selon les instructions d’un système juridique ?

Cette ‘réception’ de la loi indiquée au présent pour signifier l’exigence d’une actualisation constante, a nécessité une donation que la tradition perçoit comme une véritable révolution des structures de la création.

Donner la Torah aux hommes relèverait du pur scandale ! Un apologue talmudique dit fort bien la chose : Moïse était ‘monté dans les cieux’ pour recevoir la Torah. Mais les créatures célestes s’opposèrent vigoureusement à une telle humiliation. « L’être humain n’a pas de place parmi nous ».

Moïse tremblant recule, il ne sait que répondre à un argument d’une telle puissance. Il n’en faut pas moins que l’intervention du Saint-béni-soit-Il pour lui permettre de surmonter l’obstacle. « Accroche-toi à mon trône et réponds ».

Rassuré, Moïse répond : « La Torah s’adresse à un peuple qui a subi l’esclavage en Egypte. Elle prescrit de cesser toute activité le jour du Chabat, exige le respect des parents, interdit le vol et le meurtre. Vous, créatures célestes, n’avez ni père ni mère, vous ne connaissez pas le meurtre ou le vol, vous ne pouvez donc avoir une quelconque prétention à détenir la Torah. »

Argument décisif qui emporte l’adhésion générale et permet à Moïse de retourner sur terre avec la Torah. (Traité Shabbat 88)

Etrange dialogue ! D’autant plus que l’argument final semble évident. Pourquoi refuser de donner aux hommes une Torah qui parle de leur histoire et contient une loi qui manifestement s’adresse à eux ?

Livre de vérité

Quiconque a pu pénétrer un tant soit peu l’univers de la Torah sait que celle-ci ne se résume pas à une loi qui réglerait la vie des hommes.

Je n’entends pas simplement opposer la connaissance à l’action, souligner que la Torah, livre de Vérité, enseigne autant qu’elle n’ordonne.

Ni la sensibilité ni le seul geste de la raison ne permettent d’appréhender autre chose que la structure extérieure, l’écorce du réel. La vérité de l’être, irréductible aux seules manifestations de la matière, à son rythme et à ses règles, réside dans la volonté du Créateur.

Il ne suffit pas de dire que D.ieu dirige l’univers et décide du déroulement de l’histoire pour dire sa présence dans le monde. Il faut plutôt affirmer que la volonté divine constitue l’unique réalité des choses.

En exprimant l’ordre de cette volonté créatrice, la Torah ne communique donc pas une loi mais révèle l’intériorité du monde. Les choses telles qu’elles s’offrent à notre sensibilité ne sont en définitive qu’une image d’une réalité supérieure vers laquelle elles font signe.

Quiconque cherche l’assurance d’une réalité palpable et visible, la certitude d’une existence solidement fixée sur le sol se ferme l’accès à la Torah. Mais qui ne sait pas que le réel ne se résume pas aux phénomènes tangibles et mesurables.

La science nous a déjà familiarisés à ce principe en démontrant l’existence d’un ordre qui échappe à la sensibilité. La vision microscopique de la matière n’atteste-t-elle pas de la présence de tout un système de vie insoupçonnable qui se déroule sous nos yeux aveugles ?

Fonctionnant comme une simple image, ces perspectives ouvertes avec le développement des techniques modernes peuvent permettre de comprendre que le réel du monde se situe par delà la sensibilité.

Le monde de la sensibilité

Recevoir la Torah ce n’est donc pas accepter un code de loi quelle que soit la dignité de son auteur. C’est inscrire son existence dans cette dimension de hauteur où se trame le réel.

Mais l’homme, être humain, habitant du monde de la sensibilité peut-il vraiment espérer se hausser à de telles hauteurs. Moïse qui a pu ‘monter dans les cieux’ c’est-à-dire inscrire sa vie dans cette dimension va devoir prouver la possibilité d’une telle gageure.

La Torah a précédé la création du monde, lui oppose-t-on, faisant valoir ainsi la hauteur de la dimension de l’être que celle-ci recèle et exprime.

Moïse saisit le siège céleste avant de répondre aux anges. Geste étrange qui semble nous condamner à l’imagerie angélique. Mais ne faut-il pas de façon moins ingénue entendre dans cette gestuelle tout le tranchant de sa réponse.

La Torah qui relève de D.ieu ne parle que d’actions à même la terre. Expression de la volonté la plus haute elle se donne toutefois à travers une loi qui régit faits et gestes d’un homme en prise avec le monde de la sensibilité.

Mais cet homme dont les pieds épousent les aspérités du sol atteint le siège céleste, pure hauteur inaccessible à toute autre créature. Stature infinie du corps de notre ancêtre Adam !

La Michna énumère les quarante-huit modalités d’existence nécessaires à l’acquisition de la Torah. La plupart d’entre elles n’ont pas ou peu d’importance lorsqu’il s’agit de pénétrer une science, d’assimiler des connaissances.

Mais elles sont indispensables à qui veut recevoir la Torah c’est-à-dire se hausser à une autre dimension d’existence, se rattacher à la hauteur de la volonté divine.

L’audace de monter au ciel

L’immensité de la tache peut décourager. Qui peut prétendre pouvoir ‘monter au ciel’, qui aurait l’audace de répondre d’une responsabilité dont pourtant chacun de nous est chargé ?

Seul notre attachement aux Maîtres d’Israël permet de répondre d’un tel engagement. Les sujets juifs appartiennent à Israël, c’est-à-dire qu’ils s’inscrivent dans une réalité unique puisqu’ils participent tous à la stature de notre ancêtre Adam.

La présence en Israël de ces élèves de Moïse qui, chacun à son niveau, ont su inscrire leur vie dans l’espace de la Torah, garantit à tous la possibilité d’élever son existence à de telles hauteurs.

Le Beith hamidrash (la maison d'étude) assure au peuple juif dans toute son étendue, son authenticité.

HAG SAMEAH

L’identité juive ou la question de l’humain

D'après un cours du Rav Moché Tapiero

Aujourd’hui, peut-être plus que jamais, on s’interroge avec souvent beaucoup d’anxiété sur l’identité juive. Par-delà les multiples exigences des mitsvoth, qu’est-ce que cela signifie pour l’existence? Comment porter avec bonheur cette élection faite de devoirs plus que de droits ?

« Les actions des pères font signe aux enfants ». Leçon décisive des Maîtres d’Israël qui détermine notre lecture de la Thora.

Non pas histoire, fut-elle sainte, mais exposition de l’authentique stature de l’humain, telle qu’elle s’exprime à travers la figure des patriarches ( Avoth).

Non pas commémoration de la genèse d’une nation mais enseignement d’une extrême actualité quant à la seule question qui compte, celle de la constitution d’un sujet.

On ne se le répètera jamais suffisamment : la question d’Israël est celle de l’humain !

Vivre comme Juif, c’est renouer pleinement avec le projet d’Adam, qui seul définit l’authenticité de l’humain.

L’attachement à l’axiomatique politique de la pensée occidentale porte à réduire la singularité juive à un particularisme.

Ceux-là même qui chercheront une justification du fait juif utiliseront l’hypothétique nécessité d’un passage par le particulier qui offrirait au général structure et consistance.

Contre cette réduction inconcevable du fait juif, les Maîtres d’Israël insistent à dire sa dimension universelle.

La caverne de Mahpéla abrite les patriarches mais aussi le tombeau d’Adam et ‘Hava (Adam et Eve), pères de l’humanité.

Pas d’histoire juive qui ne dise le réel de l’histoire de l’homme.

L’identité juive passe par le Sinaï ! Vérité universelle qui vaut aussi bien pour le Juif que pour le non-Juif, pour le Ben Noah.

L’aventure humaine

Comment se dit dans le texte le fait irréductible de l’identité juive ?

Hébreu et Israël. Deux termes pour dire le projet du premier homme, Adam, dans toute sa plénitude.

Deux vocables explicitement employés par la Thora pour dire l’authentique du fait juif.

Deux régimes portés par deux noms propres, Abraham l’hébreu et Yaacov Israël. Genèse et aboutissement du projet de notre ancêtre Adam.

Après la chute d’Adam, le premier patriarche réitère l’aventure humaine. Yaacov, après avoir vaincu l’ange de la nuit, sera nommé Israël, signifiant ainsi l’aboutissement et le plein déploiement du projet, ouvert par la recherche d'Abraham.

Israël dit l’intériorité de l’aventure d'Adam vécue dans toute son intensité.

Son sens n’est pas accessible à quiconque n’y participe pas pleinement.

La recherche d’Abraham par contre, constitue une possibilité humaine ouverte à tous, son sens peut s’effleurer dans tous les gestes et les moments de l’existence.

Concentrons-nous aujourd’hui sur la figure d’Abraham, qui initie toute l’existence juive.

Conformisme et vérité

D’emblée, les Maîtres d’Israël, pour éviter une grave erreur, pointent l’essentiel de la stature d'Abraham.

Pilier de la générosité dans le monde, ouvrant sa maison au plus pauvre, au plus dénué, Abraham serait-il symbole de pluralité, idéal de sociabilité?

Abraham est dit l’hébreu : parce que le monde entier se tenait sur un bord et que lui, seul et unique, campait sur l’autre rive (Midrach Rabba, Berechit 42 ; 8), éver signifiant l’autre rive, le côté opposé.

Etre hébreu (hébreu se dit ivri, de la racine éver), c’est avant tout savoir résister à la pression et à l’attirance d’une uniformité de conduite, de pensée et de mœurs.

Puissance de cette recherche de la vérité, plus intense encore que la sollicitation enivrante de la société.

Abraham l’étranger

Que signifie cette tenue à l’écart d’Abraham et d’où tira-t-il cette force ? En quoi son expérience est-elle fondatrice de toute possibilité d’un renouveau de l’aventure d'Adam ?

Le Midrach décrit comment, plongé dans un monde livré à l’idolâtrie, Abraham a retrouvé le Nom de D.ieu.

Encore faut-il s’entendre sur cette recherche et ne pas la réduire à sa seule dimension intellectuelle.

D’ailleurs, certains de ses ancêtres et de ses contemporains – Hanoch, Métouchélah, Noah, Chem - avaient aussi ‘connaissance’ du Nom de D.ieu, sans qu’ils soient retenus pour autant comme fondateurs d’un renouveau du projet d'Adam (Voir Rambam sur les lois de l’idolâtrie, chapitre 1 ; article 2).

L’enseignement d’Abraham est existentiel et seul le parcours de son existence ouvrira au sens de l’Hébreu.

La Thora décrit l’existence d’Abraham comme une longue migration. Sa vie est scandée par les multiples exodes qu’il traverse.

Première migration de Ur Kasdim vers Canaan. Départ contraint vers l’Egypte pour cause de famine. Retour en Canaan après bien des incidents avec les autorités égyptiennes, et autres…

Abraham est l’éternel nomade, l’étranger.

Ce qui toutefois le distingue des innombrables nomades qui ont peuplé la terre, est signifié dès le premier verset qui le met en scène :

« D.ieu dit à Abraham : ‘Va pour (ou vers) toi de ton pays, de ta patrie, de la maison de tes pères, vers la terre que Je te montrerai’ »

Exode imposé par le commandement, nomadisme comme relation avec D.ieu.

La migration d'Abraham n’est pas d’ordre géopolitique, elle est arrachement au terroir et à la civilisation, étrangeté à l’être et à son régime.

Ni mépris de l’ici-bas, ni revendication purement idéaliste, animent ce projet, qui indique plutôt un rapport positif avec l’extériorité, une attache à un au-delà de l’être.

L’étrangeté peut être subie comme une malédiction, comme l’inéluctable tragédie humaine.

Abraham cependant, initie sous l’impulsion du commandement, un mouvement volontaire d’exode.

La triple déchirure

Quel mode d’existence est-il ainsi indiqué par le commandement ?

Est-ce un pur exode que l’on ne peut réduire à une seule marche vers la terre promise, mais une migration justifiée par la nécessité de quitter le sol de l’être, de la civilisation, de la sociabilité ?

C'est ce qu’indique déjà la ponctuation qui marque une pause entre le commandement d’exode et la promesse d’habitation.

Partir, pas seulement pour aller en Israël, mais déjà pour quitter une terre idolâtre.

Le mouvement premier est celui d’un exode et non pas d’une émigration. A moins que l’habitation de la terre promise n’ait d’autre sens que la possibilité d’une résidence qui préserve toujours du statut d'étranger.

Les étapes de cette migration - présentées dans le sens inverse à celui d’un parcours d’émigration – dessinent une intensification dans le mouvement d’arrachement du sujet à ce qui lui apparaissait comme son lieu, comme le sol conditionnant la possibilité de son existence.

S’arracher à tout enracinement naturel, passe par cette triple déchirure :

1- Se défaire de tout nationalisme et en finir avec la vision politique du monde ;

2- Savoir se définir autrement que par la civilisation ;

3- Couper la relation aux parents idolâtres pour retrouver le lien avec sa véritable origine.

Les épreuves qui scanderont la vie d’Abraham ne sont que les étapes de cet exode, et à travers les différentes séparations, ce sont de véritables morceaux de peau qu’il s’arrachait successivement.

Le souci de soi

Abraham l’hébreu, le solitaire.

Solitude de celui qui prend parti envers et contre tous, pour un retour à la parole divine.

Solitude qui exprime aussi le souci de soi. Abraham a vécu la civilisation de la tour de Babel, civilisation où l’individu n’a de sens qu’en tant que partie du tout. Les hommes cherchent à s’unir pour ‘se faire un nom’.

Que les hommes soit sacrifiés pour la réalisation de cette tour, qu’ils servent bientôt de pierre et de briques, qu’importe !

Seule compte la grandeur de ‘tous’.

Vérité de la vision politique du monde : édifier l’humain mais oublier chaque sujet dans son unicité.

Eriger une société où le sujet est réduit à l’individu, l’unique au membre de la série.

Certes, la société libérale s’efforce pour préserver la plus grande part de liberté à l’individu, à laisser au domaine privé la part la plus importante.

Mais en tant que société, réunissant nécessairement les hommes, elle impose encore cette tyrannie du ‘tous’.

D’où la volonté de conformité qui nous caractérise tous, d’où la peur de toute différence !

Abraham se tient seul, et c’est là son plus grand mérite. Plus que les dix épreuves qu’il a subies – parmi lesquelles le sacrifice de son fils – c’est cette qualité qui fixera à jamais son nom.

Abraham qui a su entendre l’ordre divin : « Leh leha », « Va vers toi ».

Aller à soi, c’est se savoir appelé par le commandement qui s’adresse à chacun dans son unicité. C’est moi en personne, qu’en ce moment même la Parole interpelle. Divine assignation par laquelle se constitue le sujet.

L’actualité de la quête d'Abraham

Il faut encore aborder une question modeste, eu égard à la hauteur du discours biblique, mais combien grave et décisive pour l’existence : le parcours d'Abraham est-il une voie ouverte à tous ?

Ne le disions-nous pas initié par le commandement, par cet ordre ponctuel et concret à travers lequel D.ieu s’est fait connaître à un homme particulier ? A l’heure où la Parole n’est plus audible, y a-t-il encore place pour un tel parcours ?

A-t-on cependant porté une attention suffisante à l’étrange mise en scène de ce récit ? Il commence abruptement par la révélation de D.ieu à un seul homme sans se soucier de motiver cette élection.

Le choix de Moïse comme émissaire auprès d’Israël et du Pharaon est précédé des épisodes qui attestent de la noblesse de celui qui mène le souci de l’autre jusqu’à son extrême limite : jusqu’à risquer sa vie pour l’autre, jusqu’à inclure dans le visage d’autrui la brebis égarée.

Mais lorsqu’il s’agit de choisir celui qui fondera le peuple de D.ieu, rien n’est dit des motifs de cette élection.

Peut-on seulement justifier d’un tel privilège ? Finalement, la grandeur d’Abraham ne réside-t-elle pas dans l’écoute même du commandement, dans l’accueil de la Parole qui est déjà ouverte à l’extériorité ?

Prendre la route de l’exode, en obéissant à un commandement, ce n’est pas répondre à un appel concrètement situé dans l’histoire et porté par une révélation divine.

C’est plutôt se conformer à une disposition intérieure, respecter sa nature authentique de sujet créé.

L’exigence d’une migration est portée par le fait même de l'existence et touche ainsi chaque humain, chaque sujet qui a su préserver sa constitution proche d'Adam.

Si l’ordre, pourtant adressé à chaque être dans sa singularité, est signifié dans le texte à propos d’Abraham, c’est qu’il fut le seul à en accepter le poids et à s’engager dans la voie difficile que l'on pourrait intituler "l’au-delà de l’être".

Seul celui qui assume la charge de la Parole divine peut prétendre bénéficier d’une révélation explicite.

Les Maîtres d’Israël soulignent ainsi que la migration d’Abraham avait commencé préalablement à l’ordre divin.

Abraham avait déjà quitté Ur Kasdim, il s’était séparé de la civilisation sumérienne, avant qu’un ordre explicite de D.ieu ne vienne le confirmer dans sa destinée.

Jamais, diront les Maîtres, D.ieu ne s’émeut, si ce n’est par un réveil de l’humain (Zohar, fin de Noah).

Véritable humiliation de l’En-haut, qui seule permet d’entendre le message du Livre dans sa portée authentique, c’est-à-dire comme œuvre d’existence.

Ex-istence dont le mot porte déjà cette référence à la sortie, à un arrachement vers un au-delà de l’être.

« Beha Hotmim » (Tu es notre référend) : l’histoire se terminera par un retour au modèle d’Abraham.

Seule une poignée d’êtres uniques, de solitaires, amèneront l’humanité à son achèvement tel Adam avant la faute.

Fils d’Abraham, élève de Moïse, nous n’avons plus à trouver par nous-mêmes le chemin de la vérité .

La Thora offre les moyens de s’arracher de toute civilisation qui oublie l'humain en s’inscrivant dans un espace reconstruit, où l’identité humaine peut pleinement se déployer.

Mais l’enjeu reste le même, la détermination semblable : recherche de la vérité, envers et contre tous !

Contre une sociabilité outrancière choisir le soi, contre l’oubli de l’origine, redécouvrir Adam.

Hag Saméah

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