Chabbath Parachat Terouma

11, 12 février 2005 – 2, 3 adar 1 5765

Jérusalem: Paris

Allumage des bougies : 16 h 4 7 Allumage des bougies : 17 h 45

Sortie de Chabbath: 18 h 00 Sortie de Chabbath : 18 h 55

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser LeDvar Thora

de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la Yéchiva

Daat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan,1, Rehov Hapisga, à Jérusalem(bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

1 Hapisga, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel: 01 42 27 21 11 Fax: 01 42 27 54 91

Email : daat.haim@piximel.com


La voie de l’exception

(troisième partie)

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Soutenir ceux qui étudient la Thora est certes une grande mitsva, mais c’est surtout une obligation pour tous ceux qui sont soucieux de la pérennité de la parole divine au sein du peuple juif.

רבן גמליאל בנו של רבי יהודה הנשיא אומר : יפה תלמוד תורה עם דרך ארץ,שיגיעת שניהם משכחת עוון.

«Rabban Gamliel, fils de Rabbi Yéhouda le Prince, disait: ‘L’étude de la Thora est belle lorsqu’elle est jointe à une occupation professionnelle, car leur double investissement évite la faute. Toute étude qui n’est pas associée au travail finira par s’anéantir et amènera le pêché.»

(Chapitre 2, Michna 2)

Les écrits de nos maîtres vont nous permettre de découvrir de nouveaux aspects qui complètent l'enseignement de notre Michna.

Nous avons découvert la semaine dernière un premier texte du ‘Hafets ‘Haïm qui mettait en valeur l’association du type Issahar et Zevouloun, le premier bénéficiant de l’aide financière du second pour pouvoir se consacrer entièrement à l'étude de la Thora, le mérite de cette étude étant partagé entre les deux associés.

Un deuxième texte du même auteur se trouve dans Michna Beroura, Ora’h ‘Haïm 231:

L’auteur des Responsa Dvar Chmouel aborde la problématique suivante:

Un homme qui a la possibilité d’étudier la Thora à plein temps et de diffuser son enseignement en étant soutenu financièrement par des tiers, doit-il accepter cette dépendance? Ou alors, est-il préférable qu’il choisisse de n’étudier toute la journée que le Chabbath pour conserver son autonomie matérielle?

Le prix de la lumière

On trouve la réponse dans le Choulhan Arouh (Yoré Déa 246), et la conclusion de tous les décisionnaires est que le devoir de cet homme est d’étudier le plus possible, quitte à perdre son indépendance.

Même Maïmonide (Hil'hot Talmud Thora 3-10) dont l'opinion est qu'il faut éviter à tout prix de tirer profit de l’étude de la Thora et de vivre aux dépens des autres (excepté dans le cas d’une association comme celle d’Issahar et Zevouloun), ne les contredit pas dans ce cas précis.

En effet, si l’homme en question fait profiter son entourage de son enseignement et de son influence, il entre dans le cadre des juges (dayanim) et de ceux qui corrigeaient les erreurs de transcription dans les textes sacrés. (Maguiheï sefarim)

Cespersonnes recevaient un salaire prélevé de la Teroumath Halichka, caisse à laquelle chaque Juif devait cotiser annuellement, à l'époque du Temple.

Si cette somme ne suffisait pas à couvrir leurs frais et ceux de leurs familles, on les obligeait à accepter un supplément d’aide. (Yad Hahazaka, hilhot chekalim 4-7). (Biour Hala' ha ibid.)

Maïmonide est donc d’avis que l’on ne peut renoncer à toute la lumière amenée par un homme de Thora pour l’unique raison de préserver son indépendance financière.

Dans un deuxième ouvrage, le ‘Hafets ‘Haïm aborde une autre facette du sujet.

«Si quelqu’un souhaite se consacrer totalement à l’étude de la Thora même si c'est seulement pour une certaine période, et qu’il n’a pas les moyens financiers pour le faire, il doit accepter d’être soutenu par des tiers.

Mais on l’imagine, certains ne peuvent supporter cette idée, se basant sur un enseignement du Talmud:

«Celui qui jouit des fruits de son labeur est plus méritant que celui qui a la crainte de D.ieu. Pour preuve les versets des Psaumes:

«Heureux l’homme qui craint l’Eternel» (112-1)

«Oui, le produit de ton travail, tu le mangeras, tu seras heureux, le bien sera ton partage»(128-2)

On le voit, les termes employés pour louer celui qui profite de son labeur sont plus élogieux que ceux qui qualifient celui qui a en lui la crainte de D.ieu

.Cela est clairement exprimé par nos maîtres (Avoth 4-1) qui interprètent la répétition dans le deuxième verset:

«Tu seras heureux dans ce monde et le bien sera ton partage dans l’au-delà» alors que pour celui qui à la crainte de D ., .on ne parle que de son bonheur ici-bas".

( Talmud Bera' hot 8 a)

Aide extérieure

Et le ‘Hafets ‘Haïm de poursuivre:

«Ce qui est décrit ici dans le Talmud est seulement une vertu, aussi belle qu'elle soit, et il ne faudrait pas commettre l’erreur de perdre l’essentiel dans le seul but de l'acquérir.

Car l’étude de la Thora est la clef du bonheur à tout jamais.

Celui qui sent qu’il ne parvient pas à garder son niveau en Thora à cause de l’influence de son activité professionnelle et de son milieu social, doit prendre conscience qu’il est en train de s’éloigner de la Thora, et de ses valeurs. A quoi lui servira alors la vertu de jouir des fruits de son labeur.

Il agit donc de façon irréfléchie en refusant l’aide extérieure qui lui permettrait de se replonger même temporairement dans l’étude de la Thora.»

(Chem Olam, Chaar hahzkat Hathora chap. 11)

On le voit, nos maîtres accordent une importance primordiale à l’étude et à la connaissance véritable de la Thora, au point que toute autre considération disparaît devant elle. Seul celui qui est capable de conserver son niveau en Thora, dans toutes les situations que se permettre le luxe de ne pas dépendre des autres et de jouir seulement des fruits de son labeur

Rabbi Yossef Karo, l’auteur du Choulhan Arouh, exprime déjà cette idée dans son commentaire sur Maïmonide.

Ce dernier, on le sait, est d’avis qu’il est toujours préférable de consacrer une partie de son temps à une activité professionnelle afin de ne pas tirer de profit de l’étude de la Thora.

Il cite de nombreuses sources qui semblent contredire cette approche, et conclut ainsi:

«Malgré les arguments de Maïmonide, les maîtres des générations suivantes sont tous d’avis qu’il est permis, et même conseillé à celui qui en est capable, de se consacrer exclusivement à la Thora, en recevant l’aide financière de tiers.

Et cela s’explique peut-être par le principe sur lequel s’est basé Rabbi Yéhouda Hanassi pour permettre l’écriture de la loi orale, et qui est exprimé dans le verset:

"

Lorsque le temps est venu d'agir pour l'Eternel, on a même violé ta loi"

(Psaumes 119-126).

Lorsqu’il s’agit de sauvegarder la Thora elle-même, il est donné aux maîtres d’Israël de passer outre certaines consignes. (En l'occurrence celle de ne pas mettre par écrit la loi orale.)

Devant la baisse des générations (yéridath hadoroth), et devant un réel problème de transmission au sein du peuple juif et de formation des maîtres en Thora, il a été indispensable de choisir la décision de la majorité des Sages, passant outre l’avis de Maïmonide: celui qui est capable de se consacrer totalement à l’étude de la Thora doit accepter, de perdre son indépendance financière, et d'être soutenu par d'autres ."

(Kessef Michné Hil’hot Talmud Thora3-10)

Paix et amour vrai

Citons enfin deux grands maîtres de l’époque des Richonim: Rabbénou Yona et Rabbi Aaron Halévy de Barcelone (Sefer Hahinouh), bien antérieurs au Choulhan Arouh.

Chacun dans son style, ils rejoignent les conclusions de rabbi Yossef Karo.

Rabbénou Yona, dans son commentaire sur la Thora (parachath

Emor), explique d’abord le but principal des différents dons que l’on devait faire aux Cohen et aux Lévi: leur permettre de se consacrer totalement au service divin et à l’étude de Sa parole.

Puis il ajoute: «C’est à partir de cet enseignement de la Thora que les Maîtres d’Israël ont institué de faire des appels dans toutes les communautés pour réunir les fonds nécessaire au maintien des centres d’études et des Yechivot.

Si cela était nécessaire pour les Cohanim

à l’époque du Temple, cela l’est encore bien plus aujourd’hui, car personne ne peut plus espérer atteindre la Connaissance parfaite s’il doit s’investir dans une activité professionnelle.

Il est donc d’une nécessité absolue de demander le soutien du public pour que la Thora puisse garder sa vigueur au sein d’Israël.»

Le Sefer Hahinouh conclut également, lors de l’étude de la Mitsvah

463:

« Mitsvah

463: Ne pas abandonner les Lévites, en négligeant de leur donner ce qui leur est dû.

«cette mitsva

doit servir d’enseignement, afin d’apporter un soutien matériel et bienveillant à tous ceux qui font de l’étude de la Thora leur occupation constante.

Car grâce à leur persévérance, la transmission fidèle de la loi est assurée et la foi en D.ieu se trouve renforcée.

Grâce à eux, la paix se propage dans le monde!

Ils professent le vrai amour du prochain, se réjouissant du bien-être de tous, et accueillent avec bienveillance ceux qui s’adressent à eux.

Mais ils ne peuvent subvenir à leurs propres besoins matériels. C’est donc à nous de les soutenir.»

Chabbath Chalom