Chabbath Parachat Metzora

15, 16 avril 2005 – 6, 7 nissan 5765

JérusalemParis
Allumage des bougies17 h 23 20 h 23
Sortie de Chabbath18 h 3621 h 33

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la YéchivaDaat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

***

Très chers amis,

Nous tenons à remercier du fond du cœur tous ceux qui s’associent à nous pour prier pour la guérison de notre fils ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov et pour les marques de sympathie très touchantes de tous nos amis.

Malgré la situation encore très alarmante, une légère amélioration s’annonce et les médecins eux-mêmes nous demandent d’intensifier les prières.

Que Hachem vous accorde à tous la joie et le bonheur.

Rav Eliahou Elkaïm


Chabbath Parachat Metzora

15, 16 avril 2005 – 6, 7 nissan 5765

Vivre en société

Par Rav Eliahou Elkaïm

Prier en commun, ressentir les joies et les souffrances e la communauté font partie de la vie juive. Une obligation qui est aussi un plaisir…

Il disait: «Fais Sa volonté comme ta volonté, afin qu’Il fasse ta volonté comme Sa volonté; efface ta volonté devant Sa volonté, afin qu’Il efface la volonté des autres devant la tienne. Hillel disait: «Ne te sépare pas de la communauté, ne sois pas sûr de toi jusqu’au jour de ta mort, ne juge pas ton prochain avant de t’être trouvé à sa place, ne dis pas une chose qu’il est impossible d’entendre (en supposant) qu’elle finira par être entendue, ne dis pas: ‘j’étudierai quand j’en aurai le temps’, peut-être en auras-tu jamais le temps.»

(Chapitre 2, Michna 3)

Après avoir suivi l’ordre de la dynastie de Hillel jusqu’à Rabban Gamliel ben Rabbi Yéhouda Hanassi, l’auteur de la Michna revient en arrière pour citer une nouvelle série de maximes de Hillel lui-même.

D’après de nombreux commentateurs, ce retour en arrière a comme but de dévoiler un autre aspect de la transmission de Hillel.

Jusqu’à présent, nous avons étudié la transmission de Hillel à sa descendance, mais il en existe une autre: toute la sagesse que Hillel a transmis à Rabban Yo’hanan ben Zaccaï, dont la maxime (Michna 8) suivra celles de Hillel.

D’autres commentateurs pensent cependant que cette première maxime n’a pas été écrite par Hillel, mais par son dernier descendant qui soit cité dans la Michna, qui portait le même nom que lui, et qui était le fils de Rabban Gamliel ben Rabbi Yéhouda Hanassi.

Selon cette opinion, c’est seulement la Michna suivante dont l’auteur est Hillel.

C’est notamment l’avis du Rama Mipanou, cité par le tossafot Yom-Tov, qui ajoute que Rabbi Yéhouda Hanassi a cité son petit-fils pour illuster l’accomplissement de la promesse divine:

«Quand à moi, dit l’Eternel, voici quel est mon pacte avec eux: Mon inspiration, qui repose sur toi, et les paroles que j’ai mises en ta bouche, ne doivent pas s’écarter de ta bouche, ne de la bouche de tes enfants, ni de celles des enfants de tes enfants, à présent et pour toujours.» (Isaïe 59-21)

Rabbi Yéhouda Hanassi, qui vécut jusqu’à l’âge de cent ans, a vu ce phénomène merveilleux se réaliser dans sa propre famille car son petit fils, Hillel, atteignit le niveau des maîtres de la Michna.

Penchons-nous à présent sur le texte lui-même.

«Ne te sépare pas de la communauté»

D’après Maïmonide, dans son commentaire sur la Michna, cette maxime s’adresse à ceux qui pensent que la condition sine qua non pour s’élever spirituellement est de rompre tout lien avec la société, et de fuir la compagnie des hommes.

La voie du milieu (dere’h emtsaï) veut au contraire que l’équilibre d’une personne dépende du fait qu’elle soit intégrée dans une société, et mieux encore qu’elle soit un élément positif de cette société.

La seule raison pour laquelle l’homme peut choisir de fuir le monde, quitte à aller vivre dans le désert est que la société dans laquelle il vit soit perverse. Il doit alors s’en éloigner pour ne pas subir l’influence de ceux qui l’entourent.

Ainsi seulement, il pourra s’épanouir et laisser éclore sa véritable personnalité.

L es ennemis de D.ieu

Rabbénou Yts’haq élargit quant à lui le sens de cette maxime:

«Rabbi Israël écrit dans son commentaire qu’être lié à la communauté est conseillée,car bénéfique dans quatre situations:

  • La prière : lorsqu’une assemblée se réunit pour prier, cette prière va susciter a grâce divine. Cette réalité est si importante que celui qui, pour une raison technique, ne peut participer à la prière en commun, doit s’efforcer de prier à la même heure que le groupe, même s’il est tout seul (ajout du ‘hassid Rabbi Yossef Yaavetz)

2- La bienfaisance (tzedaka) et le repentir(tchouva) : les réunions publiques pour réunir des fonds pour la Thora et pour les pauvres, ou pour encourager au repentir et au retour sur soi, sont capitales. Celui qui évite de participer à de telles rencontres mérite un terrible châtiment, comme l’expriment nos maîtres:

«Ceux qui se détachent de la communauté ne méritent pas que leurs proches portent le deuil pour eux après leur mort! Au contraire, ils devront manger, boire et se réjouir que les ennemis de D.ieu aient disparu!» (Midrach Ei’ha Rabbati 2-6)

Cette attitude est l’une des vingt-quatre formes de comportements qui empêchent le repentir (techouva) (Maïmonide Hil’hot techouva 4-2)

Etre heureux ensemble

Implorer D.ieu lors d’une catastrophe : lorsqu’une catastrophe touche la communauté, il convient de se rapprocher d’elle, de jeûner avec elle et de sentir sa souffrance. C’est ce que Mardochée exprime à Esther en lui disant:

«Ne te berces pas de l’illusion que, seule d’entre les Juifs, tu échapperas au danger, grâce au palais du roi (…) car si tu persistes à garder le silence à l’heure où nous sommes, la délivrance et le salut surgiront pour les Juifs d’autre part, tandis que toi et la maison de ton père vous périrez» (Esther 4; 13-14)

Cela inclut également de s’associer à la participation financière requise par la communauté et de ne surtout pas essayer de s’y soustraire (…)

  • Ne pas se différencier: il ne faut pas chercher à se différencier des autres lorsqu’ils se lèvent ou qu’ils s’asseyent. C’est ce que nos maîtres expriment en disant:

Il ne faut pas être gai lorsqu’on est en compagnie de ceux qui pleurent, ni pleurer lorsque l’assemblée est joyeuse. Il ne faut pas dormir lorsque les autres sont éveillés ni être éveillé lorsque les autres dorment. Il ne faut pas être assis parmi ceux qui sont debout ni debout parmi ceux qui sont assis.

La règle est qu’il ne faut pas se différencier des autres comme le dit le Talmud:

«L’esprit de l’homme doit toujours être en symbiose avec son entourage (Ketoubot 17a). Cependant, si la société est perverse, il faut s’en éloigner, et celui qui agit ainsi est louable. (…)»

On le voit, c’est une véritable philosophie de la vie en société qui est résumée par une seule phrase de Hillel.

Ceux qui se désolidarisent et s’excluent de la communauté sont considérés comme les ennemis de D.ieu. La sévérité extrême de nos maîtres à leur égard nous montre l’importance avec laquelle ils considèrent l’intégration de l’homme dans la société, nécessité pour son épanouissement moral.

Chabbath Chalom