Chabbath Parachat Chemoth

31 décembre 2004, 1 er janvier 2005 – 19, 20 tevet 5765

Jérusalem: Paris

Allumage des bougies : 16 h 11 Allumage des bougies : 16 h 45

Sortie de Chabbath: 17 h 26 Sortie de Chabbath : 17 h 55

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser Ledvar Thora

de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Nous dédions cedvar Thora

à la mémoire de

Monsieur Rahamime ben Raphaël KOSKAS.

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la Yéchiva

Daat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan,1, Rehov Hapisga, à Jérusalem(bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et le Chalom.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

MERCI DE NOTER QUE NOUS INTRONISERONS UN

SEPHER THORA

OFFERT PAR MME NINETTE SITRUK

A LA MEMOIRE DE SON EPOUX

MONSIEUR ABRAHAM SITRUK

AU COURS DE L

A SOIREE DE GALA ANNUEL DE NOTRE ASSOCIATION DANS LES SALONS HOCHE A PARIS

LE MERCREDI 9 FEVRIER 2005 – 30 CHEVAT 5765

(RESERVATIONS 0607421604

ou sur DAAT.HAIM@PIXIMEL.COM)


Chabbath Parachat Chemoth

Vérités frappantes

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Derrière une idée apparemment évidente, Rabbi nous livre des vérités parfois difficiles à entendre. Mais qui vont pourtant nous aider à devenir meilleurs…

רבי אומר : איזוהי דרך ישרה שיבר לו האדם ? כל שהיא תפארת לעושה ותפארת לו מן האדם. והוי זהיר במצוה קלה כבחמורה, שאין אתה יודע מתן שכרן של מצוות. והוי מחשב הפסד מיצוה כנגד שכרה, ושכר עברה כנגד הפסדה. דע מה למעלה ממך. אין רואה, ואוזן שומעת, וכל מעשיך בספר נכתבין.

«Rabbi disait: Quel est le droit chemin que l’homme doit choisir? Tout chemin dont peut s’honorer celui qui le prend, et pour lequel il est honoré par les autres hommes.

Sois attentif à un commandement facile comme à un commandement difficile, car tu ne connais pas la rétribution des commandements. Compare ce que tu pourrais perdre en faisant une bonne action avec la récompense qu’elle te procurera, et compare les avantages que tu obtiendras en faisant un pêché avec la perte que tu en subiras.

Pénètre-toi de ces trois choses et tu ne tomberas pas dans le pêché: sache qu’il y a au-dessus de toi un œil qui voit tout, une oreille que entend tout, et n’oublie pas que toutes tes actions sont inscrites dans le livre.

»

(Chapitre 2, Michna 1)

La semaine dernière, nous avons développé l’idée de Rabbi Isaac Blazer.

Il expliquait que D.ieu, pour préserver le libre-arbitre, n’a pas créé de réflexes conditionnés pour la peur du châtiment divin, comme c’est le cas pour des peurs physiques face à un danger tangible.

Ce qui explique que l’homme, même lorsqu’il est convaincu de la véracité de la Thora, peut commettre des fautes et contrevenir aux commandements.

Avant d’aborder la dernière partie de la maxime de Rabbi, nous allons revenir sur le calcul perte-gain auquel nous engage Rabbi.

Car ce calcul exige une analyse profonde, analyse qui va nous permettre de découvrir l’un des thèmes principaux de Rabbi Israël Salanter (Or Israël 8 ème lettre).

Rabbi Israël nous indique une première direction, en citant Maïmonide dans Hil’hoth Techouva (3-1):

«Tout être humain a des mérites et des fautes. Si le nombre de ses mérites l’emporte sur celui des fautes, il est considéré comme un juste (tsadik).

Si à l’inverse, ce sont les fautes qui dépassent les mérites, il est un ‘méchant’ (racha).

Mais il ne faut pas s’y tromper. Ce calcul ne se fait pas uniquement en fonction du nombre des bonnes et des mauvaises actions.

La valeur intrinsèque de chaque action compte pour beaucoup. Un seul mérite peut parfois contrebalancer de nombreuses fautes, et inversement, une faute peut peser autant que de nombreux mérites.

Cette évaluation ne peut être effectuée que par le Créateur qui, Lui seul, peut estimer chaque mitsva et chaque faute.»

Il est clair, à la lecture des propos de Maïmonide, que de nombreux facteurs, indépendants à l’acte lui-même, jouent dans l’évaluation de ce même acte.

Nous l’avons vu, cette estimation ne peut être faite que par le Créateur Lui-même. En revanche, certains éléments de cette évaluation nous ont été révélés par nos maîtres.

L’un des éléments les plus aisément accessible par notre esprit est sans doute celui de l’effort, mentionné à la fin du chapitre 5 des Maximes des pères et désigné par la phrase: lefoum tzaara agra.

Ce terme recouvre la notion selon laquelle D.ieu récompense l’homme en fonction de l’effort qu’il a consacré pour accomplir une mitsva. Et d’après nos maîtres, cela peut même multiplier la valeur de l’action au centuple! (Sefer ‘Hassidim)

Tout sacrifier

Un deuxième texte cité par Rabbi Israël concerne les sanctions encourues par celui qui transgresse les commandements de la Thora

«Rabbi Meir disait: ‘Celui qui porte un vêtement qui requiert des tsitsith (vêtement qui comporte quatre extrémités, cf. Hil’hoth Tsitsith) et ne fixe pas les fils de laine blancs, mérite un châtiment plus grand que celui qui a seulement omis d’ajouter le fil azur (cela n’est plus applicable aujourd’hui, car nous ne connaissons plus le secret de l’azur à utiliser).

Car il est beaucoup plus difficile de se procurer un fil teint en azur que du fil de laine blanche.’»

On le voit, plus il est facile d’accomplir une mitsva ou d’éviter une faute, et plus la sanction si on a mal agit sera lourde.

Rabbi Israël poursuit son raisonnement en disant que si nous cherchons à nous représenter un temps soit peu la punition dans l’au-delà pour les fautes commises, nous devons faire le raisonnement suivant:

La loi (halacha) fixe que l’on peut transgresser les interdictions de la Thora seulement si l’on se trouve en danger de mort. On notera cependant que pour trois interdits particuliers, même le danger de mort ne permet pas la transgression: le meurtre, l’idolâtrie, les unions interdites (arayoth).

On comprend donc, et la loi le précise clairement, que cela implique de tout devoir sacrifier (y compris tous ses biens), pour ne pas transgresser une seule interdiction.

Rabbi Israël ajoute un élément supplémentaire: si l’homme ne se conduit pas de cette manière, et n’a pas la force de caractère d’accepter le sacrifice, le châtiment dans l’au-delà dépassera certainement de beaucoup la souffrance que lui aurait causé ce sacrifice ici-bas.

Nous pouvons illustrer cette idée par une contingence de notre monde: celui qui aurait commis une fraude fiscale ne peut espérer, dans le cas où il est découvert et jugé, être condamné à payer uniquement la somme due.

Il sait qu’il devra également verser une amende, qui peut représenter le double de la somme initiale.

Le même fonctionnement est valable pour la punition divine.

Et cela, c’est le cas pour une faute commise même quand il existe de fortes circonstances atténuantes.

Mais alors, qu’en est-il dans le cas où un homme aurait pu facilement éviter de fauter?

D’après les commentateurs, le châtiment divin peut être multiplié par cent, ou plus encore…

Toutes tes actions sont inscrites dans le livre

Lorsque Rabbi conseille de comparer le plaisir ou le gain apporté par une faute avec la sanction spirituelle, il nous engage certainement à un calcul de ce genre.

Ce raisonnement doit devenir une habitude, un réflexe, qui permettra à l’homme de ressentir la crainte du Ciel (yirath chamayim).

Cet attribut de crainte est fondamental pour parvenir à respecter la volonté du Créateur en toutes situations.

Rabbi Isaac Blazer ajoute que c’est dans ce même ordre d’idée que nous devons comprendre la fin de la maxime de Rabbi:

«Pénètre-toi (histakel) de ces trois choses et tu ne tomberas pas dans le pêché: sache qu’il y a au-dessus de toi un œil qui voit tout, une oreille que entend tout et n’oublie pas que toutes tes actions sont inscrites dans le livre.»

Le terme employé ici est ‘histakel’, qui signifie observer avec attention.

Ce choix n’est pas fortuit.

Le Gaon de Vilna (Biour Hagra Ora’h ‘Haïm 229) comprend ce terme dans le sens d’une introspection.

Savoir que D.ieu sait tout n’est pas suffisant; c’est une évidence pour tous ceux qui croient en D.ieu et la Thora.

Il faut aussi observer avec une grande attention, analyser, introspecter et enfin intérioriser les événements, et les conséquences qui nous ont été dévoilées.

C’est seulement de cette façon que l’homme pourra créer en lui la crainte du Ciel, indispensable pour se rapprocher du Créateur.

Nous conclurons notre étude de la Michna de Rabbi par l’interprétation de Rabbi Yossef Yaavetz sur la dernière phrase:

«Toutes tes actions sont inscrites dans le livre»

De quel livre s’agit-il? Il s’agit de l’âme (néchama).

C’est ce que nos maîtres exprimentainsi : «Qui témoigne contre lui? C’est son âme propre» (Talmud Taanit 11b).

Dans l’âme humaine sont gravés ses mérites et ses fautes.

On peut comparer cela à une image: tel est celui qui est frappé par une maladie de la peau qui est dissimulée sous ses vêtements.

C’est seulement lorsqu’il est déshabillé que l’on peut constater à quel point il est atteint.

Ainsi, tant que l’âme est emprisonnée dans le corps, on ne peut voir sa véritable nature. Mais lorsqu’elle en sera séparée, sa souillure deviendra flagrante. Et la honte sera terrible…

Cela peut paraître des vérités difficiles à entendre. Mais c’est bien là que réside le conseil de Rabbi: méditer ces réalités est le seul moyen de nous élever et de nous rapprocher de la volonté de D.ieu

Chabbath Chalom