Chabbath Parachat Vaye’hi

24, 25 décembre 2004 – 12, 13 tevet 5765

Jérusalem: Paris

Allumage des bougies : 16 h 06 Allumage des bougies : 16 h 38

Sortie de Chabbath: 17 h 21 Sortie de Chabbath : 17 h 53

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser Ledvar Thora

de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la Yéchiva

Daat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan,1, Rehov Hapisga, à Jérusalem(bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et le Chalom.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

MERCI DE NOTER QUE NOUS INTRONISERONS UN

SEPHER THORA

OFFERT PAR MME NINETTE SITRUK

A LA MEMOIRE DE SON EPOUX

MONSIEUR ABRAHAM SITRUK

AU COURS DE L

A SOIREE DE GALA ANNUEL DE NOTRE ASSOCIATION DANS LES SALONS HOCHE A PARIS

LE MERCREDI 9 FEVRIER 2005 – 30 CHEVAT 5765

(RESERVATIONS 0607421604 ou sur DAAT.HAIM@PIXIMEL.COM

Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

1 Hapisga, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel: 01 42 27 21 11 Fax: 01 42 27 54 91

Email : daat.haim@piximel.com Site: www.daathaim.org


Se vaincre soi-même

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Derrière un conseil apparemment simple, Rabbi nous livre dans sa maxime un secret pour parvenir à vaincre nos pulsions, en se servant d’une donnée de base de la création du monde.

רבי אומר : איזוהי דרך ישרה שיבר לו האדם ? כל שהיא תפארת לעושה ותפארת לו מן האדם. והוי זהיר במצוה קלה כבחמורה, שאין אתה יודע מתן שכרן של מצוות. והוי מחשב הפסד מיצוה כנגד שכרה, ושכר עברה כנגד הפסדה.

«Rabbi disait: Quel est le droit chemin que l’homme doit choisir? Tout chemin dont peut s’honorer celui qui le prend, et pour lequel il est honoré par les autres hommes.

Sois attentif à un commandement facile comme à un commandement difficile, car tu ne connais pas la rétribution des commandements. Compare ce que tu pourrais perdre en faisant une bonne action avec la récompense qu’elle te procurera et compare les avantages que tu obtiendras en faisant un pêché avec la perte que tu en subiras.»

(Chapitre 2, Michna 1)

Dans un Dvar Thora précédent, nous nous sommes penchés sur l’interprétation de abbénou Yona et celle du Maharal sur la maxime de Rabbi.

( Essentiels et égaux Par le Rav Eliahou Elkaïm )

Selon leurs commentaires, Rabbi s’adresse à ceux qui éprouvent des difficultés à accomplir les commandements, ou qui sont tentés de transgresser des interdictions de la Thora.

Pour parvenir à surmonter leurs faiblesses, Rabbi leur conseille de comparer d’une part la difficulté de faire une mitsva et le plaisir ou le gain procurés par la faute, et d’autre part la récompense divine pour avoir surmonté cette difficulté ou le châtiment dans l’au-delà encouru pour cette transgression.

Rabbi nous livre ici un conseil certes judicieux, mais pourquoi a-t-i l choisi ce concept comme essence de sa pensée, résumée dans sa maxime?

Tout esprit sain et logique parviendra aisément à la même conclusion, sans avoir atteint le niveau de sagesse de Rabbi…

Sous l’emprise de son mauvais penchant

Le Gaon de Vilna cite en référence un verset des Proverbes, un verset des Psaumes, ainsi qu’un texte du Talmud où la même idée est exprimée.

« Tâche d’aplanir avec soin le sentier que foule ton pied afin de cheminer en toute sécurité» (Proverbes 4-26)

Le terme employé pour ‘aplanir’ est ‘paless’ dont la racine est le mot ‘peless’: une balance. Rachi explique que ce verset des Proverbes doit être compris ainsi:

‘Mets en balance le rapport des gains et des pertes amené par les bonnes actions et les fautes ; ainsi tu pourras cheminer en sécurité.’ (Rachi ibid.)

«J’ai médité sur mes voies et ramené mes pas vers Tes statuts» (Psaumes 119-59)

Le Midrach (Vayikra Rabba) donne son interprétation:

«J’ai médité sur la rémunération des commandements et la punition des fautes et j’ai décidé d’agir selon Tes lois»

Enfin, le Talmud interprète un verset de la Thora (Nombres 21-27) :

« C’est à ce propos que les poètes disaient: ‘Venez à ‘Hechbon’ »

Le Talmud interprète le terme ‘mochlim’ employé pour ‘poètes’ dans un sens allégorique:

Mochlim’ signifiant également ‘ceux qui dominent’, le Talmud explique qu’il s’agit de ceux qui ont dominé leur mauvais penchant.

Ces derniers nous exhortent à venir à ‘Hechbon, mot qui signifie ‘calcul’.

On comprend donc que ceux qui sont parvenus à se dominer nous conseillent:

‘Venez calculer le rapport perte-gain qui régit notre monde, et comparez ce que l’on perd d’un côté en faisant une mitsva avec la récompense qu’elle nous procurera, ainsi que les avantages obtenus en faisant un pêché avec la perte que l’on en subira dans l’au-delà.’ (Talmud Baba Batra 78b)

Le Ram’hal ajoute à ce texte du Talmud une note étonnante mais qui nous permet de répondre à la question de savoir pourquoi Rabbi a choisi de nous livrer une notion aussi évidente…

«Pourquoi seulement ceux qui sont parvenus à dominer leur mauvais penchant ( mochlim beyitseram) peuvent nous donner ce conseil?

Uniquement parce que ces derniers peuvent découvrir cette vérité et donc la diffuser.

En effet, celui qui est sous l’emprise de son mauvais penchant ne peut discerner cette réalité ni même la comprendre si on la lui livre, car son yetser hara l’aveugle littéralement et il ressemble à celui qui avance dans les ténèbres sans pouvoir reconnaître les obstacles» (Sentier de rectitude chapitre 3)

Par amour

Comment comprendre cette affirmation du Ram’hal alors que justement faire le rapport entre le gain et la perte des mitsvoth et des avéroth (fautes) paraît un raisonnement accessible par tous?

Rabbi Yts’hak Blazer zatsal, l’élève de prédilection de Rabbi Israël Salanter, nous éclaire dans ‘Chaarei Or’, son introduction aux écrits de son maître (Or Israël).

«Tout engagement dans le chemin de la Thora et des mitsvoth provient sans aucun doute d’un sentiment de crainte envers le Créateur, qui motive l’homme à agir dans ce sens.

Il ne s’agit pas seulement de la crainte du châtiment pour les fautes commises, mais également de la crainte de ne pas recevoir la récompense divine pour l’accomplissement des commandements.

C’est seulement après s’être rapproché du créateur par l’accomplissement de toutes les mitsvoth, que l’homme peut parvenir à un niveau supérieur où il agira par amour.

Il peut même prétendre à un niveau plus élevé encore, le niveau où, parallèlement à l’amour, on ressent de la crainte devant la toute puissance et la majesté du Créateur (yirath haromémouth).

Ce n’est plus la peur du châtiment qui motive, mais une peur plus profonde, plus grandiose.

On remarquera cependant un phénomène très particulier:

Même des personnes parvenues à un haut degré de foi, et pour qui la punition divine est une évidence, pourront contrevenir à un commandement.

La foi ne leur suffit donc pas à contrôler leur mauvais penchant, alors que dans d’autres situations (si on les prévient par exemple qu’il y a une bombe enfouie sous la terre), la foi qu’ils auront en une information les empêchera immédiatement de contrevenir au conseil donné: s’éloigner du danger.

Comment expliquer ce phénomène?

Réflexes conditionnés

En ce qui concerne un danger réel et naturel, qui fait fuir l’homme de façon spontané, le processus est le suivant: l’intellect détermine le danger, et retransmet ce message de peur aux sens. Selon les différents tempéraments, cette sensation sera plus ou moins intense, mais sera toujours présente et suffira pour permettre une réaction de défense.

Ce phénomène qui nous apparaît naturel est une donnée voulue par D.ieu, et il existe même chez les animaux, sous forme d’instincts.

Si le même processus existait dans le domaine de la foi en D.ieu, l’homme serait privé de son libre-arbitre, étant poussé par des réflexes conditionnés, qui le feraient agir dans la voie des mitsvoth.

Pour permettre à l’homme de jouir de son libre-arbitre, élément fondamental de la création, il a fallu empêcher que la connaissance des dangers spirituels agisse sur les sens comme c’est le cas pour les dangers matériels.

D.ieu a fait qu’il n’y ait plus de rapport entre le tempérament de l’homme (courageux ou pleutre) devant les dangers matériels et ses réactions devant les dangers spirituels. Il n’est plus conditionné.

Il lui faudra littéralement créer cette crainte spirituelle par un travail personnel, qui consiste essentiellement à faire vivre en soi la réalité de la punition et de la récompense divines, et cela de façon régulière et systématique.

C’est ce concept qui est sous-entendu par le terme ‘hechbon (calcul) employé par Rabbi dans sa maxime et dans le texte du Talmud.

On comprend maintenant que le conseil de Rabbi n’est pas si simple qu’il ne paraît.

Il s’agit d’une méditation répétée jour après jour, et seul celui qui l’a déjà expérimentée, parvenant ainsi à contrôler son mauvais penchant, peut comprendre la nécessité absolue et l’utilité.

Car seul ce dernier aura pu en constater les bienfaits et la réussite, et pourra donc convaincre d’autres de le suivre.

Car ceux qui sont encore sous l’emprise de leur mauvais penchant ne parviendront jamais à comprendre comment il est possible de croire en D.ieu et dans les préceptes de la Thora et de rester pourtant impuissant devant les tentations, attiré par le mal, qu’aucune crainte ne parviendra à freiner.

Chabbath Chalom