Chabbath Parachat Tsav, fête de Pourim

25, 26 mars 2005 – 13, 14 adar2 5765

JérusalemMontréalParis
Allumage des bougies17 h 23 20 h 02 18 h 04
Sortie de Chabbath18 h 3621 h 1119 h 09

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la YéchivaDaat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

***

Très chers amis,

Nous tenons à remercier du fond du cœur tous ceux qui s’associent à nous pour prier pour la guérison de notre fils ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov et pour vos messages de sympathie très touchants.

Que Hachem vous accorde à tous la joie et le bonheur.

Rav et Madame Eliahou Elkaïm


Chabbath Parachat Tsav, fête de Pourim

25, 26 mars 2005 – 13, 14 adar2 5765

«Comme un berger protecteur»

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Annuler nos exigences devant la volonté du Créateur est une marche à franchir pour atteindre une confiance parfaite en Ses décisions. Là réside le secret du bonheur.

Il disait: «Fais Sa volonté comme ta volonté, afin qu’Il fasse ta volonté comme Sa volonté; efface ta volonté devant Sa volonté, afin qu’Il efface la volonté des autres devant la tienne.

(Chapitre 2, Michna 3)

Pour conclure notre commentaire sur la dernière maxime de Rabban Gamliel, nous citerons deux interprétations: l’une du Midrach Chmouel (idem Loua’h ‘Haïm); l’autre de Rabbi ‘Haïm de Volozhine.

Selon la première interprétation, l’expression ‘fais Sa volonté comme la tienne’ (Assé retsono kirtsone’ha), et plus particulièrement le terme ‘volonté’ (ratson) ne se rapporte pas ni aux actions quotidiennes, ni à l’accomplissement des commandements, mais plutôt aux nécessités de la vie, comme celle de manger, de dormir, ou d’entretenir des rapports conjugaux.

Même si l’homme a été créé de telle façon que ces nécessités lui procurent du plaisir, il doit pourtant aspirer à ne pas faire de ce plaisir un but en soi. Son ambition, au moment de ces actions, doit être de procurer à son corps la force et l’énergie pour pouvoir remplir, au mieux, ses devoirs envers le Créateur.

C’est ce que nos maîtres appellent agir ‘lechem chamayim’ (au nom du Ciel).

Atteindre ce niveau demande bien évidemment un travail personnel, et Rabban Gamliel nous livre les recettes du succès, grâce à une stratégie élaborée et méthodique.

Penser que, dès le début du chemin, on pourra parvenir à se détacher du plaisir que procurent ces nécessités, est une illusion.

Ce qui est demandé à l’homme est de donner un sens à chaque plaisir: que son intention, au moment de l’acte, soit de procurer à son corps les meilleures conditions pour accomplir la volonté de D.ieu (retsono) ainsi que de jouir du plaisir que donne cet acte (retsone’ha). Et cela, au moins à part égale.

C’est la signification de ‘Fais Sa volonté comme ta volonté’ (retsono kirtson’ha).

Devant cet effort accompli par l’homme, D.ieu va considérer ‘ta volonté comme la Sienne’ (retsone’ha kiretsono), ce qui signifie que ‘ton plaisir sera considéré comme l’accomplissement d’une mitsva!

C’est seulement après avoir développé en soi cet état d’esprit que l’homme pourra progresser jusqu’à atteindre le niveau de (batel retsone’ha mipné retsono): n’avoir à l’esprit qu’une seule intention, celle d’accomplir la volonté du Créateur, sans vouloir tirer aucun profit de la sensation de plaisir.

Car cette sensation devient vide de sens devant la splendeur qu’est celle de servir D.ieu.

Ce niveau, atteint par des êtres d’exception, leur fait mériter que D.ieu exauce tous leurs souhaits et annule, devant leurs suppliques, tous les mauvais décrets.

La deuxième interprétation, celle de Rabbi ‘Haïm de Volozhine, va nous permettre de découvrir un nouvel aspect de la confiance que l’on met en D.ieu (bita’hon).

Ma consolation

Rabbi ’Haïm de Volozhine explique qu’il est courant qu’un homme se dévoue pour un ami bien au-delà de ce que son devoir lui demande.

Et cet homme considèrera normal si cet ami agit de la même façon quand lui-même en aura besoin. Et c’est même ce qu’il attend de lui.

Dans notre relation avec D.ieu, le même principe s’applique.

‘Fais Sa volonté comme tu ferais la tienne’ signifie que si un homme accomplit la volonté de D.ieu même quand cela est difficile, surmontant les difficultés comme s’il réalisait une entreprise personnelle, il peut espérer que D.ieu se conduise à son égard de la même façon, et exauce sa volonté, comme si c’était Sa volonté.

En ce qui concerne la seconde partie de notre maxime, ‘annule ta volonté devant la Sienne’, il ne s’agit pas seulement de l’action humaine, mais de la façon dont l’homme réagit face à l’attitude de D.ieu à son égard.

Rabbi ‘Haïm de Volozhine aborde ici le niveau le plus élevé de la vertu de confiance totale en D.ieu (bita’hon).

Pour illustrer son interprétation, Rabbi ‘Haïm de Volozhine cite un chapitre très connu des Psaumes.

«Psaume de David. L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien. Dans de vertes prairies, Il me fait camper, Il me conduit au bord d’eaux paisibles (…) Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu serais avec moi, Ton soutien (michan) et Ton appui (chevet) seraient ma consolation.» (Chapitre 23)

Rabbi ‘Haïm de Volozhine explique que la métaphore du berger touche une notion profonde.

Réparer nos fautes

Le berger guide le troupeau, insouciant et confiant.

Il oblige parfois les bêtes à camper même lorsqu’elles souhaiteraient avancer, car il sait que l’herbe est abondante à cet endroit.

Parfois au contraire, il les contraint à avancer, alors qu’elles voudraient se reposer. Mais il sait qu’elles doivent s’abreuver après avoir mangé et que la source vivifiante se trouve plus loin.

La brebis ne comprend pas les raisonnements de son berger, mais elle s’en remet à lui, sans question.

C’est exactement de cette façon que nous devons vivre notre relation avec D.ieu, qui est pour nous, dans toutes les situations, un berger.

Et même dans l’épreuve, lorsque nous pensons que le bien nous a été enlevé, nous devons nous pénétrer de la conviction que tel un berger protecteur, D.ieu nous dirige, à chaque pas, vers notre bonheur véritable.

Bien souvent, il nous manque la perspective du temps pour comprendre les voies de D.ieu, pour comprendre que ce qui nous semble un malheur est en réalité une délivrance.

Il existe cependant des situations qui semblent sans issues, et où tout semble prouver que nous sommes enfoncés dans des ténèbres sans fin.

Même dans ces moments difficiles, nous dit le Roi David, l’épreuve ne doit pas nous effrayer.

‘Car Tu serais avec moi’ signifie que ces souffrances ont aussi un but positif, celui de réparer nos fautes et de nous préparer à nous détacher de la matérialité qui nous éloigne de notre Créateur.

La rigueur et la clémence

Et Le roi David de conclure:

‘Ton soutien (chivte’ha) et Ton appui (michante’ha) seraient ma consolation’.

D’après Rabbi ‘Haïm de Volozhine, il s’agit de deux bâtons : Celui dont on s’aide pour marcher (michan signifiant soutien), et celui qui sert à frapper (chevet signifiant une matraque).

Ces deux bâtons, qui représentent la rigueur et la clémence divine sont ma consolation, de façon égale, car je suis persuadé à chaque instant que c’est seulement Toi qui les actionne pour mon bien et mon salut.

Ce niveau, qui se trouve dans les plus grandes hauteurs, correspond à ce que Maïmonide développe sur la Confiance en D.ieu (bita’hon):

«Il m’a été dévoilé une vérité extraordinaire, qui ôte tous les doutes et dévoile les secrets de la Providence divine.

"Voici cette vérité: nous avons déjà développé dans le chapitre sur la hachga’ha que la Providence s’applique à celui qui la reconnaît.

"Dans le même ordre d’idée, celui qui atteint le niveau le plus élevé de cette reconnaissance, et qui garde à l’esprit la divinité de façon ininterrompue, celui-là aura le privilège de jouir de la hachga’ha de façon permanente.

"En revanche, celui qui, malgré un haut degré de connaissance, ne parvient pas à garder D.ieu constamment à l’esprit, bénéficiera seulement de la providence personnelle dans les moments où il fera l’effort d’être relié à Lui.

"Le reste du temps, cette providence divine particulière ne sera pas effective pour lui. (…)

«Car, dit le Seigneur, il est épris de Moi (bi ‘hachaq) et Je le sauverai du danger, Je l’épargnerai, car il connaît Mon nom» (Psaumes 91; 14).

"La connaissance du Nom de D.ieu, dont il est question dans ce verset, est en réalité le niveau de perception de la Providence atteint par l’homme.

"On voit également dans ce verset que seul l’amour, exprimé par bi ‘hachaq, fait mériter cette protection extraordinaire.

"Il existe une différence entre celui qui aime (ohev) et celui qui est épris (‘hocheq): celui qui aime n’a pas constamment à l’esprit l’objet de son amour.

"En revanche, l’esprit de celui qui est épris ne dispose d’aucune place pour autre chose.

"Etre épris de D.ieu, c’est avoir constamment à l’esprit Son existence et Sa providence. De cette manière, et grâce à elle seule, on méritera une protection illimitée de D.ieu.» (‘Guide des égarés’, chapitre 3, p.51)

Et c’est ainsi que Rabbi ‘Haïm de Volozhine comprend les mots de Rabbi Gamliel.

‘Annule ta volonté devant la Sienne’ signifie que si l’homme parvient à s’imprégner de la conviction qu’il n’a pas de volonté propre, tout comme le troupeau qui s’en remet totalement à son berger, il méritera cette providence personnelle qui annule et anéantis toutes les embûches et tous les dangers matériels (retson a’hérim).

Et ce n’est pas un hasard qu’une coutume très répandue (citée par le Michna Beroura) consiste à réciter à chaque repas ce chapitre des Psaumes, ‘ségoula’ pour la situation financière (parnassa).

Vivre et ressentir, ne serait-ce que par moment, les mots du roi David, (je ne craindrais aucun mal car Tu serais avec moi) sont incontestablement une aide pour atteindre cete confiance totale en D.ieu qui est le secret du bonheur et de la réussite.

Chabbath Chalom