Chabbath Parachat Ekev

27 août 2005 – 22 av 5765

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies 18 h 35 19 h 25 20 h 28
Sortie de Chabbath19 h 47 21 h 30 20 h 29

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Nous souhaitons un très chaleureuxMAZAL TOV aux familles BETITO & GRIBE pour le mariage de Sophie Zahava & Anthony Moché.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

Chabbath Parachat Ekev

27 août 2005 – 22 av 5765

La Yéchiva, un état d’esprit

(1 ère partie)

Par le Rav Eliahou Elkaïm

«Multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse» Derrière ces quelques mots énigmatiques, c’est tout un monde secret qui se cache, et que nous allons tenter de découvrir…

«Il disait: ‘Multiplier la chair, c’est multiplier les vers; multiplier les richesses, c’est multiplier les soucis; multiplier les femmes, c’est multiplier la sorcellerie; multiplier les servantes, c’est multiplier la débauche; multiplier les esclaves, c’est multiplier les vols. Multiplier la Thora, c’est multiplier la vie; multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse; multiplier les conseils, c’est multiplier l’intelligence; multiplier la charité, c’est multiplier la paix. Acquérir un bon renom, c’est acquérir pour soi-même; acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur.’»

(Chapitre 2, Michna 4)

‘Multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse’: Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous remarquerons que Hillel ne parle pas de Thora de façon générale, comme quand il disait: ‘Multiplier la Thora, c’est multiplier la vie’.

A présent, il emploie le terme de sagesse (‘ho’hma).

Mais de quelle sagesse s’agit-il?

Un texte du Talmud (Baba Metsia) nous éclaire. La Michna (2-11) nous enseigne que si un homme trouve deux objets qui ont été égarés, l’un par son père, l’autre par son maître en Thora, il doit d’abord restituer celui qui appartient à son maître.

Enseignement étonnant quand on sait l’importance de la mitsva d’honorer son père et sa mère (kiboud av vaèm)?

Cela est dû au fait que le père est à l’origine de la vie matérielle (olam hazé) alors que le maître en Thora donne accès à la vie future et éternelle (olam haba).

Lorsqu’un père est aussi un maître en Thora, son fils doit lui donner la préséance.

La Guemara: un état d’esprit

Le Talmud ajoute: nos maîtres ont enseigné (c’est l’avis notamment de Rabbi Méïr) que le maître dont parle la Michna, c’est celui qui lui a enseigné la sagesse (‘ho’hma) et non celui qui lui a seulement enseigné l’Ecriture et la Michna. (Baba Metsia 33a).

Rachi explique: «La sagesse (‘ho’hma) signifie l’approfondissement des règles de la Michna, le discernement qui permet d’éluder d’apparentes contradictions entre différentes michnayot, enfin les motifs des lois qui permettent ou interdisent, et de celles qui fixent qui doit payer ou être exempté. C’est ce que le Talmud appelle la Guemara» (Rachi ibid.)

Nous avons donc une définition très claire de ce concept de sagesse tel qu’il est perçu par nos maîtres.

On retrouve la même idée dans le Talmud Bera’hot: «Certains sont d’avis que le statut d’ignorant (am haaretz) s’applique même à celui qui a étudié l’Ecriture et la Michna, mais qui n’a pas joui de la proximité de Sages en Thora (lo chimechtalmidé ‘ha’hamim).

Rachi explique: «Il s’agit de l’étude de la Guemara qui est essentiellement une formation de l’esprit qui permet de saisir le sens profond des enseignements de la Michna.» (Bera’hot 47b- Rachi ibid.)

Un dernier texte nous apporte une indication supplémentaire concernant l’importance primordiale de l’étude de la Guemara.

Le Talmud interprète le verset:

«Je vais te donner les tables de pierre, la doctrine (Thora) et les préceptes (mitsva) que j’ai écrit pour leur instruction(lehorotam) » (Exode 24-12)

La Thora, c’est la loi écrite. Lamitsva, c’est la Michna. Lehorotam, c’est la Guemara.

Rachi explique que Lehorotam est utilisé ici pour exprimer l’étude de la Guemara, car c’est seulement à travers une compréhension en profondeur des enseignements de la Michna que l’on peut éluder des questions légales (hala' ha), substance de la Horaa (prise de décision juridique, de la même racine que Lehorotam).

Ceux qu se contentent de la connaissance de la Michna pour fixer la hala’ha sont appelés par le Talmud (Sota 22a) les destructeurs du monde (mévalé olam), car ils sont incapables d’analyser les cas qui se présentent à eux et d’y apporter la solution juste (Talmud Bera’hot 5a, Rachi ibid.).

La proximité des Sages

On la voit, la sagesse (‘ho’hma) dont parlent nos maîtres est une science très particulière que peut acquérir uniquement celui qui a été formé par des maîtres en Thora, et qui a investi de longues années dans l’étude de la Guemara, selon le sens donné par le Talmud.

Mais il ne faut pas s’y tromper: ce que nous appelons aujourd’hui la Guemara est l’ensemble des textes du Talmud, textes qui étaient une science orale à l’époque des maîtres du Talmud.

La Guemara, selon la définition de cette époque, était une formation de l’esprit, une méthode d’analyse des textes, et une réflexion qui se transmet de maître à élève, ne pouvant s’acquérir par une simple étude des textes.

Cette méthode de réflexion se développe notamment au Beit hamidrach, les élèves aiguisant leur esprit par une étude en groupe, où chacun participe et apporte de lui-même.

Aujourd’hui, on utilise le terme de Guemara, pour parler de l’étude du Talmud, et certains peuvent penser faire de la Guemara quand ils étudient un texte du Talmud, notamment en autodidacte. Mais la Guemara, c’est, comme nous l’avons vu, une méthode globale de réflexion, qui ne peut se transmettre que de maître à élève.

Rabbi Israël Salanter est très clair:

«La Guemara consiste en une formation de l’esprit, une analyse des textes, et une recherche de tous les éléments disséminés dans le Talmud et les écrits des commentateurs ayant un rapport avec le sujet à régler.

C’est de cette formation de l’esprit dont parlent nos maîtres lorsqu’ils expliquent que: «Celui qui n’a pas jouit de la proximité des sages (talmidé ‘ha’hamim), ne possède pas cette formation. Il a par conséquent le statut d’ignorant (Am Haaretz).

Si la connaissance des textes du Talmud, des Richonim et même des A’haronim, n’est pas accompagnée d’une méthode directement acquise de la bouche des maîtres en Thora, et développée au Beth Hamidrach, elle correspond seulement au niveau de celui qui a étudié la Michna à l’époque des maîtres du Talmud, sans avoir acquis la connaissance de la Guemara (Or Israël chap 18).

Le Gaon de Vilna cite, en référence à notre Michna, un texte du Talmud (Taanit 7a), par lequel il fait allusion aux éléments que nos venons de développer.

«Rabbi Hama bar ‘Hanina commente le verset dans les Proverbes:

«Le fer se polit au contact du fer» (27-17)

De la même façon qu’un morceau de fer en polit un autre, deux Sages aiguisent mutuellement leur esprit par une étude en commun. (…)

C’est ce que Rabbi Hanina a enseigné: ‘J’ai beaucoup appris de mes maîtres, plus encore de mes compagnons d’étude, et plus encore de mes élèves’.

On le voit, cette formation de l’esprit se fait en trois temps: d’abord par la transmission du maître, qui apporte sa sagesse; ensuite par ce que l’on appelle ‘Dibouk ‘haverim’, l’affinement de l’esprit amené par l’étude en groupe; enfin, l’enseignement que les élèves apportent au maître par leurs questions et leur vision des choses…»

Nous découvrirons la semaine prochaine le concept de Yéchiva, et en quoi il est intimement lié à cette sagesse dont parle Hillel.

Chabbath Chalom