Parachat Vayechev, Chabbath ‘Hanouka

19, 20 décembre 2003 – 24, 25 kislev 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 16 h 03 Allumage des bougies : 16 h 36

Sortie de Chabbath : 17 h 18 Sortie de Chabbath : 17 h 50

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Le dvar Thora de cette semaine est consacré à la mémoire de :

Rabbi Shlomo Devico ben Roubida zal : 17 kislev

Monsieur Isaac Kabla zal : 22 kislev

Assaf Bitane zal ben Tirtza (ti’hié) : 21 kislev

Monsieur Chalom Mamane zal ben Esther : 26 kislev

Monsieur Simon Nahaizi zal fils de Hamina : 27 kislev

Monsieur Raphaël Malka zal ben Saada : 28 kislev

Et pour la bonne santé de Eliahou ben Yossef et Diamente

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom et HANOUKA SAMEAH.

Rav Chalom Bettan

Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

5 Rehov Eipstein, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 19 FAX : 00 972 2 643 07 20

Email : daat.haim@piximel.com Site : www.daathaim.org


Parachat Vayechev, Chabbath ‘Hanouka

« Et Alexandre le Grand se prosterna… »

par le Rav Eliahou ELKAIM

Un peu d’histoire cette semaine, avec le récit de la rencontre entre Alexandre le Grand et Simon le Juste…

Simon le Juste était l’un des derniers membres de la Grande Assemblée. Il disait : « Le monde tient sur trois choses : l’étude de la Thora, le service pour D.ieu, et la bienfaisance. » (Chapitre 1, Michna 2)

Avant de chercher à comprendre les paroles de Simon le juste, et pour mieux mesurer leur portée, il est important de préciser le contexte historique dans lequel Simon le Juste a vécu.

Il était le dernier des membres de la Grande Assemblée : encore jeune, il faisait déjà partie des membre de ce conseil des Sages, et il vécut après la disparition de ses derniers membres, puis il devint le premier des

Tannaïms, maîtres de la Michna (Maïmonide, introduction au « Michné Thora »).

Son action se situe donc à l’époque charnière entre la décadence de l’Empire de Perse et de Médie, et l’avènement de l’Empire macédonien.

Le Talmud dévoile qu’il fait partie des dirigeants spirituels prédisposés depuis toujours par la Providence divine au rôle de conservation de l’entité morale de la communauté d’Israël, face aux exils et à l’oppression des Nations.

A ce sujet, la Beraïta (paroles des

Tannaïms) explique le verset dans Be’houkotaï :

«Et pourtant, même alors quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai ni dédaignés, ni repoussés au point de les anéantir, de dissoudre Mon alliance avec eux, car Je suis l’Eternel leur D.ieu » (Lévitique 26 ; 44).

les Tannaïms

interprètent chaque partie du verset :

« ‘Je ne les aurai ni dédaignés

’: ‘Il s’agit de la période des Chaldéens, où J’ai fait naître Daniel, Hanania, Michaël et Azaria.’

‘Ni repoussés

’ : ‘C’est l’époque de l’Empire macédonien où J’ai placé Simon le Juste et les Hasmonéens.’

‘Au point de les anéantir

’ : ‘Il s’agit de l’époque de Haman, où J’ai placé Mardochée et Esther.’

‘De dissoudre mon alliance avec eux

’ : C’est l’Empire Perse où J’ai placé la dynastie de Rabbi Yéhouda Hanassi et les maîtres en Thora des générations suivantes.’ (Il semblerait que les éditeurs du Talmud de l’époque aient dû écrire Perse au lieu de Romain, à cause de la censure qui régnait à l’époque, car dans la version de « Ein Yaakov », figure le terme ‘romain’ et non ‘perse’, ce qui correspond à la réalité historique, Ndlr).

‘Car Je suis l’Eternel leur D.ieu

’ : ‘Il s’agit de la fin des temps, où aucune nation n’aura d’emprise sur eux.’ » (Talmud Méguila 11a)

Le Talmud exprime clairement que, tels Mardochée et Esther, Daniel, Hanania, Michaël et Azaria, Simon le Juste a eu une influence marquante sur son époque, influence qui se situe au même niveau que celle des Hasmonéens quelques générations plus tard.

L’influence de Simon

Pourtant, l’action des Hasmonéens est définie par Na’hmanide (Genèse 49 ; 10) comme étant à l’origine de miracles extraordinaires et de la délivrance de toute la communauté d’Israël.

Sans leur démarche, la Thora et les commandements de D.ieu auraient pu être totalement oubliés.

En quoi Simon le Juste a-t-il mérité d’être considéré sur le même plan qu’eux, lui qui n’a pas traversé cette période difficile ?

D’après le Talmud (Avoda Zara 9a), la gloire de l’Empire macédonien dura au total cent quatre-vingt ans.

Par ailleurs, nous savons que la situation des Juifs se dégrada seulement à l’époque d’Antiochus Epiphane : seulement alors seront promulgués des décrets empêchant l’étude de la Thora et l’accomplissement des

mitsvoth

et le Temple sera profané.

Tout cela eut lieu durant les douze dernières années de l’Empire macédonien.

Mais alors, comment se fait-il que pendant une si longue période, alors que les Macédoniens étaient déjà tout-puissants, le peuple juif n’ait pas eu à souffrir vraiment de leur emprise sur la terre d’Israël ?

« L’image de cet homme »

Le Talmud (Yoma 69a) nous révèle une première information, qui se rapporte à la première période de l’empire hellène, sous le règne d’Alexandre le Grand :

« Les Koutim, une secte qui pratiquait l’idolâtrie mais prétendait appartenir au peuple juif, ont demandé à Alexandre l’autorisation de détruire le Temple de Jérusalem. Ce dernier la leur donna.

Lorsque Simon le Juste apprit cette terrible catastrophe qui allait s’abattre sur Israël, il se vêtit de ses habits de Grand Prêtre, se fit accompagner des notables d’Israël qui tenaient en main des flambeaux, sans aucune arme, et ils avancèrent, dans la pénombre, au devant de l’armée d’Alexandre.

Au lever du jour, les voyant approcher, Alexandre le Grand demanda à son entourage :

‘ - Qui sont ces personnes ?

- Ce sont les Juifs qui se révoltent contre toi, lui répondit-on.’

A Antiperas, le soleil était déjà levé et le moment de la rencontre était arrivé.

Apercevant Simon le Juste, Alexandre le Grand descendit de son char et se prosterna devant lui.

Les proches de l’empereur s’étonnèrent :

‘ - Un roi aussi puissant que toi se prosterne devant ce Juif ?

- Lors de mes combats, j’aperçois toujours l’image de cet homme qui avance au devant de mes troupes, répondit-il. Et s’adressant à Simon le Juste et son groupe : - Que désirez-vous ?

- As-tu été trompé par des païens qui t’ont conseillé de détruire l’édifice à partir duquel des prières sont adressées à D.ieu pour ton bien-être et la réussite de ton royaume ?

- Qui sont ces païens ?

- Ce sont les Koutim qui se tiennent devant toi.

- Faites-en ce que vous voulez, leur répondit Alexandre le Grand.’

Ils furent immédiatement exécutés et leurs dépouilles amenés jusqu’au Mont de Guérizim (leur lieu de résidence) et ordre fut donné de raser leurs habitations, de labourer la terre et de l’ensemencer, opérations qu’eux-mêmes voulaient effectuer sur le Mont du Temple. » (Talmud Yoma 69a)

D’après la tradition, Alexandre devint depuis lors le protecteur des Juifs, et se rapprocha de Simon le Juste.

Jusqu’à la disparition de Simon le Juste qui exerça les fonctions de Grand Prêtre pendant quarante ans, des relations plus qu’amicales se développèrent entre les Grecs et le peuple d’Israël.

Ces relations se poursuivirent pratiquement jusqu’à l’avènement d’Antiochus Epiphane.

Le peuple juif connut donc du vivant de Simon le Juste une période heureuse où la Thora était à son apothéose.

Après la mort de Simon le Juste, à l’époque de son disciple Antigonus de So’ho, le niveau moral du peule juif baissa et l’influence hellène prit de l’ampleur jusqu’à aboutir au règne d’Antiochus Epiphane et aux décrets contre la Thora, à l’époque de ‘Hanouka.

(cf. Midrach Chir Hachirim Rabba 3 ; 1 – Béréchit Rabba 37 ; 1)

Dans le Dvar Thora de la semaine prochaine, nous tenterons de comprendre le sens du miracle qui faisait qu’Alexandre le grand apercevait l’image de Simon le Juste lors de l’avancée triomphante des armées grecques.

Nous essayerons également de découvrir l’influence extraordinaire de Simon le Juste sur son époque et la portée du message qu’il nous livre dans la Michna.

Message qui permit au peuple juif de traverser la première partie de la dominationmacédonienne sans subir d'atteintes morale et/ou physique.

Chabbath Chalom et Hanouka Saméah