Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

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Parachat Bamidbar

21, 22 mai 2004 – 1, 2 sivan 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 18 h 58 Allumage des bougies : 21 h 13

Sortie de Chabbath : 20 h 14 Sortie de Chabbath : 22 h 35

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Nous présentons nos plus sincéres vœux de réussite :

- Aux familles TOUITOU ET BENBARUK pour le mariage de

CAROLE & SIMON

- La famille de Monsieur et Madame Elie DAHAN pour la BAR-MISTVA de leur fils DAN.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Parachat Bamidbar

21, 22 mai 2004 – 1, 2 sivan 5764

Hillel,

Une dynastie de Thora

Par Rav Eliahou Elkaïm

La première Michna où est mentionné Hillel, est l’occasion pour nous de découvrir à travers les textes l’origine et le parcours de celui qui méritait que la Présence divine réside sur lui comme elle résida sur Moïse…

« Hillel et Chamaï reçurent d’eux la tradition. Hillel disait : ‘Soyez les disciples d’Aaron, qui aimait la paix et la recherchait sans cesse, qui aimait les hommes et les amenait à l’étude de la Loi.’ »

(Chapitre 1, Michna 12)

Dans cette Michna, nous trouvons le dernier des cinq « couples », cités dans les Pirké Avoth, qui ont perpétué la transmission de la Thora après Antigonos.

Dans tous ces couples, le premier mentionné occupait toujours la fonction de Prince (Nassi), et le deuxième celle de Av Beth Din (Président du Sanhédrin).

Hillel fut donc

Nassi

et Chamaï Av Beth Din.

Après son décès, Chamaï, ne fut pas remplacé, laissant l’autorité à Hillel exclusivement.

A partir de Hillel, ce sont ses descendants qui vont prendre la relève, créant une véritable dynastie de Thora.

C’est son fils Chimon ben Hillel qui, le premier, va lui succéder pendant une très courte période ;

En effet, Hillel a rempli ses fonctions jusqu’à l’âge de cent-vingt ans. Son fils Chimon était donc très âgé au moment de sa prise de fonction.

Le premier Rabban Gamliel, le petit-fils de Hillel (cité dans la Michna 16), reprend le flambeau, succédé par Rabban Chimon ben Gamliel.

C’est son arrière-petit fils, Rabbi Yéhouda Ha

Nassi, appelé Rabbénou Hakadoch, qui sera l’auteur de la Michna.

La personnalité de Hillel a été si marquante qu’il est intéressant de se pencher sur sa vie, à travers les textes disséminés dans le Talmud et les Midrachim.

Cela va nous permettre de mieux comprendre les messages qu’il nous a adressé, et sa position toute particulière dans la chaîne des récepteurs et transmetteurs de la Thora.

Trois

Michnayoth

sont d’ailleurs consacrées dans ce chapitre à l’enseignement de Hillel, et trois autres dans le deuxième chapitre, chose exceptionnelle que l’on ne retrouve pour aucun autre maître.

‘Etais-tu plus pauvre que Hillel ?’

Hillel est né en Babylonie en l’an 3 648 (- 112 de l’ère vulgaire).

Du côté paternel, ses origines remontent à la tribu de Benjamin, et du côté maternel il vient du roi David, sa mère étant une descendante directe de Chefatia ben Avital, cinquième fils du Roi David (Talmud de Jérusalem Taanit 4 ; 2 - idem Midrach Béréchit Rabba 33 ; 3).

Dans sa jeunesse, il étudia auprès des grands maîtres de Babylonie, qui avaient reçu la tradition de la Thora depuis Ezra.

Jeune, dépourvu de toute ressource, il vint s’installer à Jérusalem pour y puiser la science de la Thora, de la bouche des grands Maîtres qui s’y trouvaient (Yalkouth Chimoni – ‘Houkath 761).

Après un aller-retour en Babylonie, il revint à Jérusalem à l’âge de quarante ans, au début du règne de la Reine Cheltzion, qui fut un âge d’or pour les Sages de la Thora et ses étudiants.

C’est dans le but unique de cette étude, pour recevoir l’enseignement des deux Grands de la générations de l’époque, Chemaya et Abtalion, que Hillel revint à Jérusalem.

Pendant cette période de sa vie, il connut une pauvreté terrible, comme le relate le Talmud.

Chaque jour, il allait fendre du bois pour gagner un salaire quotidien s’élevant à un tarpêik, ce qui correspondait, selon les prix cités dans le Talmud, à la valeur d’une quantité de pain pour six personnes deux fois par jour.

Hillel consacrait la moitié de cette somme à nourrir et entretenir sa famille nombreuses, remettant la seconde moitié au portier du Beth hamidrach(lieu d’étude), pour pouvoir assister au cours de Chemaya et Abtalion.

Le Talmud (Yoma 35b) cite à ce sujet une beraïta(enseignement des

Tanaïm) :

« Nos maîtres ont enseigné : ‘Dans l’au-delà, lorsque comparaissent devant le jugement divin les pauvres et les riches, on leur demandera : ‘Pourquoi ne t’es-tu pas acharné à l’étude de la Thora ?’

Si le pauvre répond : ‘J’étais si pauvre que j’étais occupé à chercher ma subsistance’, on lui répondra :

‘Etais-tu plus pauvre que Hillel ?’

L’exemple de Hillel oblige les pauvres à étudier la Thora. »

Une lumière dans le monde

Hillel reçut la Thora dans son intégralité de Chemaya et Abtalion, ce qui inclut toute la science sacrée, comme le précise la beraïta

dans Massé’het Sofrim (16 ; 9).

« On dit de Hillel qu’il n’a négligé aucun des enseignements de ses maîtres, et qu’il a atteint la connaissance de toutes les langues, même celle des montagnes, des arbres, des animaux et des chédim (êtres para-terrestres). »

Peut-être pour éviter les difficultés rencontrées par les maîtres de Thora après la mort de Cheltzion, Hillel repartit en Babylonie et revint à Jérusalem, âgé alors de quatre-vingt ans.

Pendant son absence, la situation a beaucoup changé à Jérusalem.

Chemaya et Abtalion ne sont plus de ce monde et Hérode, ancien esclave originaire d’Edom, est parvenu à s’emparer du pouvoir, nommé gouverneur tout puissant de la terre d’Israël par le César romain.

Les fils de Béteira ont rempalcé Chemaya et Abtalion, mais il n’ont pas reçu de ces derniers l’intégralité de la Thora.

Cette année-là, le 14 nissan tombait un chabbath, et les fils de Béteira ne savaient pas si le sacrifice pascal « repoussait » ou non la sainteté de Chabbath, et si l’on pouvait sacrifier l’agneau pascal le chabbath.

Ils demandèrent à tous ceux qui étaient présents s’ils connaissaient la réponse à cette question.

On leur répondit : « Un babylonien du nom de Hillel, qui fut l’élève des deux Grands de la génération, Chemaya et Abtalion, reçut d’eux toute la tradition, et il se trouve parmi nous ».

Effectivement, Hillel avait entendu de la bouche de ses maîtres la loi dans ce cas, et il put leur donner la règle à suivre, à savoir que l’on peut sacrifier l’agneau pascal pendant chabbath.

Présence divine

Les fils de Béteira, avec une modestie rare, se désistèrent de leur fonction, pour que Hillel puisse être nommé

Nassi.

Ména’hem fut nommé Av Beth Din, pour être remplacé par la suite par Chamaï (cf. Dvar Thora 5764).

Après sa mort, Chamaï ne sera pas remplacé au poste de Av Beth Din.

On explique ce changement d’organisation par le fait que le peuple était tellement attaché à Hillel que ses représentants préférèrent lui confier l’entière charge de dirigeant spirituel.

D’après Rabbi Yaakov Kamenetski (Emeth leyaakov ibid.), c’est Hérode, qui pour limiter l’influence des maîtres en Thora, a fait disparaître cette fonction.

Quoiqu’il en soit, pendant quarante ans, Hillel fut la lumière de sa génération.

Un épisode, rapporté dans le Talmud nous permet de comprendre la place et l’influence sans précédent de Hillel.

Depuis l’époque de la Grande Assemblée, la prophétie s’était arrêtée au sein d’Israël.

Mais il restait encore une expression directe de la volonté divine : une voix céleste (bat kol) se faisait entendre, à certaines occasions, parmi les hommes.

Lors de l’une des réunions des Sages à Jéricho, une voix céleste se fit entendre et déclara :

« Il y a parmi vous un homme qui mériterait que la Présence divine (cheh’ina) réside en lui comme elle résida en Moïse. Mais votre génération ne mérite pas de vivre ce phénomène. »

Sans se concerter, les Sages comprirent qu’ils s’agissait de Hillel (Talmud Sota 48b).

Nos maîtres voient d’ailleurs une allusion à ce couronnement dans la bénédiction de Jacob à Yéhouda :

« Le sceptre n’échappera point à Yéhouda, ni l’autorité à sa

descendance, jusqu’à l’avènement du ‘Pacifique’ (le Messie)

auquel obéiront les peuples. » (Vayé’hi 49, 10)

la beraïta(Sanhédrin 5a) nous enseigne que le sceptre fait allusion à un poste de dirigeant spirituel en Babylonie, les Exilarques (Rech Galouta).

Ce poste fut occupé par les descendants de David, et représentait un pouvoir juridique réel.

L’autorité fait allusion aux descendants de Hillel (qui était aussi un descendant de David, et donc de Yéhouda) qui transmettaient la Thora au grand public : leur pouvoir était plus spirituel.

Dans le Dvar Thora de la semaine prochaine, nous tenterons de cerner la personnalité de Hillel, qui lui a permis de s’élever si haut dans la connaissance et de se faire tant aimer de ses contemporains.

Chabbath Chalom